Les professions libérales réglementées en colère
Finalement cette grande reforme de l’économie promise d’abord par Montebourg puis reprise par son successeur Macron risque de finir en eau de boudin. D’abord parce que elle ne concerne que quelques professions, donc un champ très restreint de l’économie, ensuite parce que le corporatisme des dites professions risque de faire reculer un pourvoir très affaibli enfin parce que les économies à en attendre sont marginales même si les des évolutions s’ imposent quand même. Donc beaucoup de bruit pour rien. Les praticiens libéraux ont mis le gouvernement en garde vendredi contre le coût potentiel de la réforme des professions réglementées, dont les contours et les gains envisagés en termes de pouvoir d’achat et d’activité sont encore incertains. L’Union nationale des professions libérales (UNAPL), qui avait rencontré un franc succès avec son appel à mobilisation le 30 septembre, a dévoilé une étude qui se veut un « contre-rapport » face à celui de l’Inspection générale des finances. Confiée à l’économiste Nicolas Bouzou, l’étude démontre que « la modernisation est utile mais que, compte tenu de la grande spécificité des services auxquels nous sommes confrontés, il reste indispensable de maintenir une réglementation », a dit à la presse le président de l’UNAPL, Michel Chassang. « Tout cela aura des conséquences financières, qui engendreront des coûts induits pour la collectivité et pour le consommateur », a-t-il encore affirmé. « La déstabilisation de l’économie est immédiate, les gains sont incertains. » Selon l’UNAPL, l’Etat devrait compenser la levée de certaines réglementations. L’étude rappelle que la suppression de la profession d’avoué a coûté près de 400 millions d’euros et l’UNAPL rappelle que les notaires ont estimé le préjudice auquel ils pourraient prétendre à huit milliards d’euros. La déréglementation aurait en outre un impact indirect sur la collectivité, souligne le texte : par une hausse du nombre de litiges dus sur les transactions faisant l’objet d’actes notariés, par exemple, ou une augmentation de la consommation de médicaments et par extension des interractions médicamenteuses dangereuses pour la santé. Le rapport commandé par l’UNAPL fait encore une lecture critique de celui de l’Inspection des finances qui oublierait d’inclure les potentielles destructions d’emplois et qui table sur une baisse des prix toute théorique. Enfin, le texte promu par les professions libérales estime qu’il est trompeur d’évaluer l’effet d’une réforme seulement à l’aune de la rentabilité. « Les prestations reposent sur la qualité, la personnalisation », a dit Michel Chassang. Si le document est très sévère, il ne contient que peu de chiffres sur le coût réel de la réforme envisagée dans le cadre de la loi « activité » portée par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Celui-ci devrait s’appuyer sur les propositions du député Richard Ferrand qui a prôné dans un rapport de prudentes réformes pour les notaires, huissiers ou pharmaciens. Il est notamment revenu sur la vente de médicaments en grande surface, un temps envisagée, et propose de libérer un peu l’accès à certaines professions mais en conservant des limites que serait chargée de définir une autorité indépendante. Le rapport de Richard Ferrand constitue une avancée, selon Michel Chassang, mais il franchit à ses yeux encore beaucoup de lignes rouges, notamment sur la vaccination en pharmacie, ou la consultation d’optométrie chez les opticiens. « Pour ce qui nous concerne, il reste trop de zones d’ombre, de non-dits. Il y a une désinformation, une manipulation », a lancé celui qui est aussi médecin, dont l’organisation envisage de nouvelles mobilisations d’ici la fin de l’année et pourrait se joindre à la semaine d’actions du patronat.
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