La BCE fait semblant d’agir
La BCE a décidé d’injecter 1000 milliards de liquidités supplémentaires mais pour quoi faire ? Pour les banques qui ne n’ont pas besoin et pas pour les Etats qui, eux, croulent sous le poids de la dette. En fait la BCE attend encore pour racheter la dette des Etats, elle attend quoi ? La déflation. Les marchés sont quand même contents, on va pouvoir spéculer pendant quelques jours mais cela ne changera rien à la donne économique européenne. La BCE a décidé, ce jeudi, d’injecter 1000 milliards d’euros de liquidités supplémentaires dans le circuit monétaire de la zone euro pour soutenir la croissance. «C’est la nouvelle du jour: l’accord unanime du Conseil pour se donner un objectif chiffré d’augmentation de la taille du bilan de la BCE», estiment les économistes de Barclays Capital. Le Conseil des gouverneurs s’est également mis d’accord à l’unanimité pour demander aux équipes de la BCE de «préparer, en temps voulu, de nouvelles mesures à mettre en œuvre, si nécessaire». C’est une étape de plus vers «l’assouplissement quantitatif» à l’américaine (QE en anglais), réclamé depuis des mois par les marchés. Cette technique de politique monétaire largement utilisée au Japon, aux États-Unis et au Royaume-Uni consiste à acheter des dettes publiques en échange de monnaie nouvellement créée par la Banque centrale. Elle n’a jamais été mise en œuvre dans la zone euro, où le financement monétaire des États est strictement interdit par le traité de Maastricht. «Il n’y a pas de problème légal si nous restons dans le cadre du mandat», a précisé Mario Draghi. Sans être révolutionnaires, ces deux annonces ont suffi à faire passer les Bourses européennes dans le vert, et à faire baisser l’euro à 1,24 dollar, son plus bas niveau depuis août 2012. Mais tel n’était pas l’objectif de «Super Mario» qui tenait sa dernière conférence de presse mensuelle dans «l’Eurotower», la BCE déménageant ces jours-ci dans un gratte-ciel ultramoderne, édifié sur les bords du Main. Le président de la BCE cherchait surtout à dissiper les rumeurs de fronde au sein l’institution monétaire. Il a insisté sur «l’unanimité» qui a prévalu au Conseil des gouverneurs ce jeudi. A l’entendre, les deux annonces du jour ont été signées donc validées par le «faucon» Jens Weidmann, le banquier central allemand, qui n’a pas toujours été d’accord avec Mario Draghi, notamment sur les achats de dettes publiques. La BCE a prévenu qu’elle ne franchirait le Rubicon qu’à deux conditions: si ses mesures d’achats d’actifs décidées jusqu’ici ne portent pas leurs fruits ; si l’inflation continue de baisser. Ces deux conditions ne sont pas réunies aujourd’hui. Il faudra attendre plusieurs mois pour décider l’assouplissement quantitatif interviendrait au plus tôt au premier semestre 2015. «Les programmes d’achats d’actifs annoncés jusqu’ici par la BCE ne permettront pas d’augmenter son bilan de 1 000 milliards d’euros», estiment les experts de Barclays. Ils permettraient tout au plus d’injecter 500 milliards d’euros d’argent frais. Seuls les achats de dettes souveraines permettraient d’atteindre l’objectif de que s’est fixé la BCE. Et de faire baisser l’euro en deçà de 1,20 dollar. C’est le pari que font les marchés.
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