Referendum suisse : non au modèle français de sécu
Les suisses ne veulent pas de sécu à la française, ils craignent surtout la création d’un déficit abyssal. Près de 62 % des Suisse se sont prononcés contre la «caisse unique» et souhaitent donc conserver la kyrielle de 61 caisses privées qui gèrent aujourd’hui l’assurance-maladie de base. L’initiative populaire, portée notamment par les Verts et le Parti socialiste, a échoué à changer les mentalités, sept ans après un précédent vote qui allait déjà dans le même sens. En Suisse, l’assurance-maladie est obligatoire. Mais, à la différence de la France, c’est à chaque personne de choisir l’organisme qui va rembourser ses frais. Pas gratuitement, puisque tous les mois, il faut payer des primes. Celles-ci varient selon les cantons. Et comme chez les assureurs automobiles, il y a une franchise: plus elle est élevée, moins les primes sont importantes. Le principe est le même pour tous, à l’exception des enfants, qui ont des tarifs préférentiels. Selon la dernière loi, entrée en vigueur en 1996, la concurrence entre les caisses privées est censée faire baisser les prix. Le problème, c’est que le nombre de caisses se réduit et qu’un Suisse sur dix seulement change de caisse régulièrement pour dénicher les meilleurs tarifs. «Il faut en finir avec la fausse concurrence sur les primes», affirmait ainsi Pierre-Yves Maillard, ministre socialiste de la Santé dans le canton de Vaud et grand défenseur de la caisse unique. Les primes, elles, ne cessent d’augmenter. L’année prochaine, elles grimperont de 4 % – en moyenne, chaque Suisse paiera 412 francs par mois, soit 340 euros. Et bien souvent, la facture devient difficile à régler. Dans la catégorie des ménages aux revenus les plus faibles, une personne sur cinq ne peut pas s’en acquitter, selon une étude réalisée à Genève entre 2007 et 2012. Du coup, certains se rendent régulièrement en France afin de se faire soigner. Chez les opposants à l’initiative, l’Hexagone a pourtant servi de puissant contre-exemple. Sur l’une des affiches de campagne, un citoyen déclarait: «Je ne veux pas m’enfermer dans un système à la française.» Et de brandir l’argument massue du déficit de la Sécurité sociale, qui a atteint les 12,5 milliards d’euros en 2013. En Suisse, il n’y a pas de pas de déficit, car l’argent collecté sert à payer les dépenses de l’année en cours. Chaque année, les recettes sont adaptées aux dépenses.
0 Réponses à “Referendum suisse : non au modèle français de sécu”