La BCE pour moins d’austérité et plus de relance
Décidément Hollande aura toujours un train de retard puisque cet au moment où il vire Montebourg pour se critiques contre l’austérité que la BCE, enfin, se montre prêter à accepter moins d’austérité et davantage de soutien budgétaire afin de relancer la croissance. Une BCE très critiquée par les autres banques centrales et le FMI et qui peut-être évolue parce que l’économie allemande se détériore. Bref, Montebourg part au moment où il a en partie raison. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir Arnaud Montebourg, l’un des responsables politiques européens les plus critiques à l’encontre de la Banque centrale européenne, poussé au départ d’un gouvernement français démissionnaire quelques heures seulement après un appel du président de la BCE Mario Draghi pour une politique budgétaire de soutien à la demande. Mais quand en France l’éviction du contempteur de l’austérité budgétaire vise à trancher un débat interne à la majorité présidentielle sur la politique économique, les propositions du premier des responsables monétaires européens se placent d’emblée à l’échelle de la zone euro. Fustigeant la réduction « dogmatique » des déficits (publics) et estimant que les choix n’étaient pas « figés », Arnaud Montebourg s’est posé en porte-parole des « frondeurs » de la majorité, une posture non dénuée d’arrière-pensées politiques alors que les ambitions s’affirment à droite comme à gauche dans la perspective de la présidentielle de 2017. Son plaidoyer en faveur d’un soutien aux ménages a essuyé un démenti catégorique de l’exécutif, le chef de l’Etat demandant au Premier ministre reconduit « de constituer une équipe en cohérence avec les orientations qu’il a lui-même définies ». François Hollande et Manuel Valls n’avaient eu de cesse dans les jours précédents de souligner leur volonté de maintenir le cap de la réduction des déficits et des réformes structurelles en dépit d’une croissance en berne, d’un chômage record et de leur impopularité. Intervenant vendredi à l’occasion du grand rendez-vous de rentrée des banquiers centraux à Jackson Hole, aux Etats-Unis, Mario Draghi a déclaré qu’il pourrait être « bénéfique pour l’orientation générale de la politique (économique) » que la politique budgétaire joue un plus grand rôle aux côtés de la politique monétaire de la BCE. Il a ajouté : « Je crois qu’il y a des marges de manœuvre pour cela ». Des propos qui tranchent avec l’assentiment tacite de la BCE aux politiques d’austérité au sein de la zone euro, prônées en particulier par la chancelière allemande Angela Merkel. De fait, le président de la BCE se montre plus enclin au soutien budgétaire qu’à l’austérité. « C’est un changement brutal et profond de perspective », relève Philippe Waechter, économiste de Natixis Asset Management. La politique budgétaire adoptée dans les différents pays de la zone euro partait du principe que l’équilibre budgétaire dans chaque pays favorisait sa croissance et son emploi. « Draghi indique que ce n’est sûrement pas la bonne solution pour soutenir la demande, dynamiser l’emploi et in fine écarter le risque de déflation », poursuit Philippe Waechter. « Le modèle actuel nie l’existence d’une politique budgétaire de la zone euro, celui proposé par Draghi la met au premier plan. » L’économie de la zone euro, qui a calé au deuxième trimestre, est menacée d’une rechute en récession alors que l’inflation est au plus bas.
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