Argentine en défaut de paiement :à cause des fonds vautours
La troisième économie d’Amérique latine est en défaut de paiement. Faute d’accord entre l’Argentine et les fonds spéculatifs américains dits « vautours », le pays se retrouve une seconde fois en treize ans, en défaut de paiement. L’Argentine a tenté de se remettre de sa faillite de 2001, en entamant une négociation avec ses créanciers. « 93% d’entre eux ont accepté en 2005 et 2010 d’effacer 70% de leurs créances », explique Le Figaro. En ce qui concerne les 7% restants, qui représentent 1,5 milliard de dollars, une longue lutte a opposé le gouvernement argentin aux deux fonds spéculatifs « vautours ». Cette bataille s’est traduite devant la justice. Malgré, une décision de l’instance américaine donnant raison aux fonds spéculatifs, l’Argentine ne bouge pas et refuse de payer, avant le 31 décembre. En effet, la décision de la justice américaine place le pays dans une situation délicate. S’il décide de payer ses créances, auprès des deux fonds américains, les autres créanciers pourraient être en mesure de se retourner contre le gouvernement argentin et lui réclamer d’être remboursés. La décote de 70% auparavant acceptée ne serait plus valable et la facture pourrait dépasser « les 100 milliards de dollars », détaille Le Figaro. L’Argentine se retrouve donc en défaut de paiement, c’est-à-dire qu’elle n’a pas versé les 539 millions de dollars qui correspondent aux intérêts des obligations. Un enchaînement mécanique des évènements s’est terminé mercredi soir par la décision de l’agence de notation Standard and Poor’s d’abaisser la note de l’Argentine d’un cran à « défaut sélectif », soit SD (« selective default »). Selon les analystes, une des premières conséquences du défaut de paiement est d’éloigner durablement l’Argentine de l’accès aux marchés internationaux des capitaux, dont elle est exclue depuis sa faillite en 2001 et sur lesquels elle tentait de revenir. Selon l’agence de notation, le « défaut sélectif » signifie que « l’emprunteur n’a pas honoré une certaine partie de ses obligations ou une émission spécifique mais qu’il continue de payer ses autres types d’emprunts dans les temps ». Tout n’est cependant pas perdu pour le pays latino-américain qui pourrait encore trouver un accord avec ses créditeurs les plus déterminés. « S’il y a un accord rapide, l’impact sur l’économie argentine sera relativement limité », estime la banque française Natixis dans une note. Cependant, « le coût d’un défaut prolongé sera substantiel », ajoute-t-elle. « Même si les données économiques fondamentales sont meilleures qu’en 2001, le pays souffrira de la hausse du coût de ses emprunts, les banques réduiront probablement leurs lignes de crédit à l’Argentine. Un défaut l’isolera des marchés financiers en dépit des récents efforts du gouvernement. À l’issue de la réunion infructueuse à New York, Axel Kicillof, ministre de l’Économie argentin, a assuré que les fonds spéculatifs « ont essayé de nous imposer quelque chose d’illégal. L’Argentine est prête à dialoguer, à trouver un consensus. Nous allons chercher une solution juste, équilibrée et légale pour 100% de nos créanciers ». Buenos Aires « va rembourser » les porteurs d’obligations issues de la dette restructurée mais « à des conditions raisonnables, sans tentative d’extorsion, sans pression, sans menace », a affirmé le ministre de l’Économie argentin. « L’Argentine a payé, elle a de l’argent, elle va continuer à payer. C’est le juge Griesa le responsable », a-t-il martelé en référence à l’argent bloqué par le magistrat. « Même si un défaut est toujours regrettable, nous ne pensons pas qu’il aura des conséquences majeures en dehors » du pays, a-t-elle estimé. Une alternative évoquée par la presse argentine durant les dernières heures des négociations pour sortir de la crise serait l’intervention de banques privées argentines. Par le biais d’un montage complexe, elles verseraient l’argent dû par le gouvernement aux deux fonds en rachetant leurs créances puis elles s’arrangeraient avec celui-ci pour se faire rembourser. Cette solution éviterait que les autres créanciers ne reviennent à la charge pour demander l’intégralité de leur dû.
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