C’est reparti, Hollande veut réorienter l’Europe
Une nouvelle fois Hollande déclare vouloir réorienter l’Europe, c’est au moins la 10 ème fois. Ce sera sans doute avec le même succès car la voix de Hollande est inaudible ; surtout chez Merkel qui ne veut pas de remise en cause du pacte de stabilité et de dépenses non contrôlées. Sans doute encore une promesse non tenue de Hollande qui dès 2012 avait promis le grand chambardement et qui n’a strictement rien obtenu, adhérant même au pacte de stabilité aujourd’hui qualifié à juste titre de pacte de stupidité par l’Italien Renzi. Le texte est prêt et sera sur la table des discussions lors du Conseil européen qui se tient jeudi et vendredi. François Hollande et ses partenaires sociaux-démocrates au sein de l’UE, qu’il a rencontrés samedi dernier, ont finalisé un document qui servira d’ »agenda pour la croissance et le changement en Europe ». Selon Le Monde mardi, l’Elysée a apporté la touche finale lundi pour une transmission du texte dans la journée au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. « Il est temps de changer d’échelle et d’ouvrir une nouvelle étape », déclare François Hollande, selon un extrait publié. En contrepartie d’un soutien à la candidature du conservateur Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission européenne, les dirigeants de gauche veulent en effet peser sur le contenu de son futur mandat. Déjà, dans la foulée de la lourde défaite de son camp aux élections européennes, François Hollande avait répété vouloir « réorienter l’Europe, mais avec encore plus de force ». Cette promesse de réorientation, martelée pendant sa campagne présidentielle de 2012, se décline aujourd’hui en cinq priorités, selon cet agenda consulté par Le Monde : une politique économique orientée vers la croissance, la lutte contre le chômage des jeunes, une politique européenne de l’énergie, la maîtrise des flux migratoires et un « choc de simplification » pour les institutions. Pour renouer avec une véritable croissance en Europe, la France propose ainsi à ses partenaires « un programme d’investissements à cinq ans, en mobilisant les ressources publiques européennes et nationales ainsi que les ressources de l’épargne privée et les grands investisseurs », cite le quotidien. Un plan qui atteindrait 240 milliards d’euros par an, qui ferait appel à la Banque européenne d’investissement, aux banques publiques d’investissements nationales (la Caisse des dépôts en France) mais aussi sur l’épargne privée. François Hollande veut également « revoir les négociations en cours concernant l’accord transatlantique » avec les Etats-Unis et modifier la législation européenne de la concurrence afin de favoriser « l’émergence de champions européens ». La lutte contre le chômage des jeunes ou la politique énergétique européenne passeraient pour leur part par de nouveaux fonds. La politique commune sur l’immigration nécessiterait selon le chef de l’Etat français « un corps de garde-frontières européens ». Enfin, François Hollande veut ouvrir le chantier d’une réforme sur le fonctionnement de l’UE et améliorer la gouvernance économique de la zone euro. Les négociations avec Angela Merkel s’annoncent compliquées, notamment sur les marges de manœuvre budgétaires des Etats-membres. François Hollande plaide notamment pour « plus de flexibilité » qui permettrait de repousser les délais sur la baisse des déficits publics, qui doivent être toujours ramenés à 3% fin 2015. Un objectif auquel ne croit pas la Cour des comptes en France. Le pacte européen de stabilité et de croissance, qui définit les objectifs à suivre pour les Etats-membres, est dans le viseur des sociaux-démocrates. Plus offensif que François Hollande sur cette question, l’Italien Matteo Renzi l’avait même renommé « pacte de stupidité ».