Patrimoine des ministres : rien que de pauvres, vite un téléthon
C’est évidemment un enfumage cette déclaration du patrimoine des ministres. Ils déclarent à peu près ce qu’ils veulent et le contrôle relève du pipeau. Il faudra vite organiser un PSthon pour aider ces malheureux ou mieux voter une loi de soutien financier à nos « chers »élus ; la plus appliquée-et la plus ridicule- est sans nul doute, Najat Vallaud-Belkacem. La ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports, qui ne déclare aucune valeur immobilière ou cotée en bourse, a détaillé l’ensemble de ses biens mobiliers d’une « valeur d’assurance » évaluée à 22 000 euros : « lits (1 adulte, 2 enfants), tables (3), canapé (1), fauteuils (2), chaises (10), réfrigérateur, machine à laver, bijoux. » Le ministre des finances, Michel Sapin, déclare quant à lui « divers meubles meublants » et « une collection de pièces de monnaie (pour une valeur de l’ordre de 30 000 euros ». Coté véhicules, comme Marylise Lebranchu, ministre de la fonction publique, il détient un « bateau de pêche promenade » (3 500 euros), et, comme la grande majorité des ministres, il roule en voiture française (Renault Clio d’une valeur de 5 040 euros)… Christiane Taubira, ministre de la justice, a elle aussi privilégié des marques françaises lors de l’achat de ses quatre vélos : « Decathlon, Peugeot, Gitane, Gitane », achetés respectivement 200 euros, 400 euros, 300 euros et 400 euros en 1996, 2005, 2009 et 2013. A l’exception de Najat Vallaud-Belkacem, Harlem Désir (affaires européennes) et Axelle Lemaire (numérique), tous les ministres sont propriétaires d’au moins une maison ou un appartement. Près de vingt d’entre eux ont au moins deux biens immobiliers, dont Jean-Marie Le Guen (relations avec le Parlement), Christian Eckert (budget), Marisol Touraine (affaires sociales et santé) ou Michel Sapin, qui a notamment hérité de plusieurs « maisons d’habitation » et de « propriétés agricoles, terres, bois, bâtiments d’exploitation » dans l’Indre, a aussi un appartement d’une valeur de 600 000 euros à Paris. Christiane Taubira a acheté ou hérité de cinq terrains en Guyane dont les valeurs sont comprises entre 12 285 euros et 75 000 euros. D’autres ministres, comme Aurélie Filippetti (culture), André Vallini (réforme territoriale) et Annick Girardin (développement et francophonie), sont devenus propriétaire grâce aux prêts accordés par l’Assemblée nationale. Laurent Fabius est certainement le ministre le mieux doté du gouvernement. Avec notamment un appartement parisien acheté en 2008 (estimé à 2,7 millions d’euros), des participations dans plusieurs sociétés, une assurance vie (529 439 euros), des meubles et objets d’art (340 000 euros). André Vallini déclare quant à lui neuf assurances-vie pour près de 2 millions. En plus de ses nombreux biens immobiliers (dont un valant 1,2 millions d’euros), Jean-Marie Le Guen déclare deux assurances-vie, dix comptes et livrets, des « tableaux, 2 commodes, divers » (70 000 euros), mais précise qu’il n’a « aucune montre ou bijoux [d'une valeur] supérieur[e] à 10 000 euros pièce ». Arnaud Montebourg (économie) déclare sept comptes en banque et livrets dont l’un affiche 317 388 euros, deux appartements parisiens dont la « valeur actuelle » de l’un est « inconnue à ce jour », un parking dont la « valeur actuelle » est, elle aussi, « inconnue » et une maison avec jardin en Saône-et-Loire (235 000 euros), ainsi qu’un « fauteuil Charles Eames » acheté 28 000 francs en 1988 (dont la valeur actuelle n’est pas précisée non plus). A l’opposé, Benoît Hamon (éducation) qui a acquis en 2006 un appartement de 62,91 m2 dans le Finistère (d’une valeur estimée à 118 700 euros), dispose d’un peu plus de 120 000 euros sur ses comptes, livrets et cotisations versées au fond de retraite des députés européens. Harlem Désir, qui ne déclare aucune profession et n’a inscrit aucun revenu issu de sa fonction de premier secrétaire du Parti socialiste, ne déclare que les 40 000 euros de ses comptes et des tableaux et lithographies de Henri Guédon (« Il s’agit de cadeaux de l’artiste de son vivant. Je suppose que la valeur se situe aux alentours de 5 000 euros », ajoute-t-il). Il précise cependant que lorsqu’il était à la direction du PS, il disposait « d’un secrétariat, d’un cabinet de conseillers, d’une voiture avec chauffeur ». Une dizaine de ministres et secrétaires d’Etat n’ont pas déclaré d’activité professionnelle dans les cinq années précédant leur nomination. Considèrent-ils que les mandats politiques qu’ils ont exercés ne sont pas des activités professionnelles ? D’où un très grand nombre de cases vides, barrées ou dans lesquelles sont écrits de simples « Néant. » La secrétaire d’Etat chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, déclare, quant à elle, qu’à la date de sa nomination elle occupait ce même poste, pour lequel elle touchait 7 210,44 euros nets par mois. Elle énumère aussi ses postes de députée (5 108 euros par mois), d’adjointe au maire (989 euros par mois), de conseillère municipale (272 euros par mois), de vice-présidente de métropole (1 402 euros par mois), de conseillère de métropole (204 euros par mois) occupés successivement dans les cinq années précédant sa déclaration, en plus de ses « participations aux organes dirigeants » de quatre organismes publics ou privés (pôle de compétitivité, aménagement, retraitement de déchets, pôle d’innovation…). Arnaud Montebourg, lui, est ou a été dans les cinq dernières années président ou membre d’une dizaine de conseils d’administrations et de commissions (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, Société d’économie mixte patrimoniale de Saône-et-Loire, Agence régionale de santé…). Ces déclarations mettent aussi en lumière leur faible expérience dans le secteur privé. Moins de dix d’entre eux déclarent avoir eu une activité professionnelle (en dehors de leurs mandats électifs) dans les cinq dernières années. C’est notamment le cas du secrétaire d’Etat chargé des sports, Thierry Braillard, qui déclare avoir adressé le 18 avril une « demande d’omission du tableau de l’ordre des avocats » pour une date d’effet au 30 avril. Sa rémunération en tant qu’avocat au barreau de Lyon était de 2 000 euros par mois « depuis janvier » alors qu’elle était de 3 000 euros avant cela, et de 6 000 euros avant juin 2012. Avec George Pau-Langevin (Outre-mer) et André Vallini, le métier d’avocat est l’un des plus représentés. Benoît Hamon, qui déclare la profession de « Ministre délégué », était conseiller régional d’Ile-de-France (2 100 euros par mois) lorsqu’il a été nommé ministre. Il a dirigé une société d’études d’opinion (2 000 euros par mois) et exercé en tant que « professeur associé » à l’université Paris-VIII (1 500 euros par mois) dans les cinq années précédentes. Axelle Lemaire a été, de 2007 à 2012, collaboratrice parlementaire à la chambre des communes en Grande-Bretagne (1 800 euros par mois). La déclaration d’intérêts de Fleur Pellerin est elle aussi bien fournie. On y apprend notamment qu’en tant que « membre de l’équipe de campagne de François Hollande » (chargée du pôle « Société et économie numériques ») de mars 2012 à mai 2012, elle touchait 4 934 euros nets mensuels. La secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur qui déclare le métier de « Conseillère référendaire à la Cour des comptes » (7 002 euros nets mensuels), a également travaillé dans un cabinet de conseil en communication de 2007 à 2008 et touchait à ce titre 7 000 euros nets mensuels. La secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Ségolène Neuville, était quant à elle « praticien hospitalier » « dans un service de maladies infectieuses et tropicales » jusqu’en juin 2012 (« environs 5 000 euros »). Elle déclare être maintenant « en détachement ».
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