Intermittents : le gouvernement va lâcher…en douce
Pour le gouvernement, il faut monter ses muscles, déclarer que la réforme, c’est la réforme, on ne recule pas. Pourtant pour les intermittents (largement soutenus contrairement aux cheminots) on va trouver des accommodements. En clair on dit non d’abord, ensuite on négocie. . Le gouvernement va valider la convention chômage (qui allonge pour certains la durée avant de toucher leurs allocations, augmente leur taux de cotisation et limite le cumul allocation et salaires). Puis il lâchera du lest sur d’autres aspects. Comment? En proposant des mesures pour aider les artistes et techniciens du spectacle les plus précaires, puis en lançant à l’été une grande concertation - entre l’État, le patronat et les syndicats - qui travaillera à une remise à plat à moyen terme du système. «Il faut trouver une solution immédiate pour préserver le dialogue social, les accords entre partenaires sociaux, mais aussi ouvrir une voie d’espoir pour les intermittents du spectacle», a ainsi justifié Manuel Valls sur France Info lundi. Ironie de l’histoire, cette stratégie ressemble à s’y méprendre à celle suivie en 2003 par le gouvernement Raffarin, qui avait créé un fonds d’aide pour les intermittents fragilisés par les nouvelles règles de l’époque. Un fonds qui a coûté jusqu’à 109 millions par an en 2006, avant de s’éteindre. Le gouvernement a peu, à vrai dire, d’alternatives. Il ne peut pas ne pas agréer la convention Unedic qui découle d’un accord signé par le patronat et une majorité de syndicats (CFDT, FO, CFTC) sous peine de tuer le dialogue social. Les syndicats signataires sont d’ailleurs sourcilleux sur les intermittents. Au sortir de la réunion de préparation de la conférence sociale, qui s’est tenue lundi à Matignon, les numéros un de FO et de la CFDT ont vivement réagi aux propos d’Aurélie Filippetti qui appelait samedi les partenaires sociaux «à prendre leurs responsabilités», sous-entendu à renégocier un accord mauvais. «Qu’elle prenne la présidence de l’Unedic!», a tonné Jean-Claude Mailly, de FO. «Aurélie Filippetti a fait une grave erreur», a renchéri Laurent Berger. Pour soutenir leur position, les signataires peuvent s’appuyer sur les dernières évaluations de l’Unedic qui montrent que 74 % des artistes et 25 % des ouvriers et techniciens du spectacle ne subiront, avec le nouvel accord qui entrera en vigueur le 1er juillet, aucun jour de différé (délai avant de percevoir les allocations chômage). Mais l’exécutif a peur de l’annulation des grands festivals de l’été et ne peut se couper d’un monde de la culture traditionnel soutien de la gauche. D’où son projet de redonner des billes aux intermittents. Les mesures seront annoncées en fin de semaine et s’appuieront sur les propositions du médiateur, le député PS Jean-Patrick Gille. L’exercice s’annonce complexe, en période de disette budgétaire. Manuel Valls devra trancher entre les ministères des Finances et du Travail qui campent sur une ligne dure et celui de la Culture, pro-intermittents. Aurélie Filippetti a déclaré dans Le Monde daté de mardi que «l’État est prêt à aller très, très loin dans cette voie» de la réforme du régime. Certes, certaines pistes de réforme, incluses dans le rapport Gille de 2013, ne coûtent rien, comme la requalification des CDD d’usage des intermittents en CDI passé un nombre d’heures, ou la lutte contre les abus. Mais d’autres sujets, comme la remise à plat de la liste des 193 professions ouvrant droit au statut d’intermittent, peuvent être polémiques. Surtout, la manœuvre en deux temps a peu de chances de fonctionner. «La remise à plat du système n’est acceptable que si, au préalable, il n’y a pas d’agrément de la convention», a martelé lundi Denis Gravouil, le patron de la CGT-spectacle. Bref, la situation est, comme à la SNCF, bloquée. En fin de journée, les intermittents du spectacle réunis en assemblée générale dans le parc de la Villette à Paris ont appelé à «amplifier la grève» contre l’agrément de la convention chômage.
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