Réforme SNCF : Cuvelier justifie la cathédrale administrative
Dans une intreview au JDD, Cuvelier, le secrétaire d’Etat aux transports’ tente de justifier la réforme SNCF, encore une belle construction administrative avec une société d’exploitation (la SNCF en gros), une société des infrastructures (en gros RFF) et un holding pour coiffer le tout. Pourquoi une réforme auusi tordue, d’abord pour satisfaire Bruxelles qui veut de la concurrence, ensuite pour donner des gages à la SNCF et aux syndicats sur unicité plus ou moins factice du système ferroviaire. On aurait pu faire plus simple mais il fallait choisir ou bien créer une vraie société indépendante pour gérer les infrastructures et les sillons (créneaux horaires) ou bien réunifier tout simplement la totalité des activités au sein de la SNCF. Le plus grave dans cette affaire c’est qu’on ne résout pas la question centrale des 40 milliards de dettes (à la différence de ce qu’ont faiat les allemands). Une dette qu’on va trainer comme un boulet et qui empêche modernisation et investissements. La preuve on ne fera plus de nouveaux TGV et le réseau est en piteux état. – Dix jours pour convaincre. Frédéric Cuvillier, secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, engage la bataille du rail. Face aux cheminots mobilisés dès mardi à l’appel de la CGT et de SUD-Rail, qui réclament une autre réforme et qu’il recevra jeudi. Face aux députés qui discuteront du projet à partir du 17 juin. Une réforme attrape-tout qui réunifie la famille ferroviaire, stabilise le dérapage de la dette portée par SNCF et RFF (Réseau ferré de France), rénove le cadre social et prépare l’ouverture à la concurrence du trafic passagers. Frédéric Cuvillier jure aussi qu’il forme un « bon couple » avec Ségolène Royal, sa ministre de tutelle. La CGT-Cheminots et SUD-Rail feront grève dès le 10 juin pour protester contre votre projet de réforme ferroviaire. Qu’est-ce qui les inquiète? Ils ont une inquiétude sur l’avenir du système. Le projet de réforme est de nature à les rassurer. Il réaffirme la force du service public qui doit rester le pivot des réformes européennes à venir. Notre système sera, en particulier, mieux armé pour faire face à l’ouverture à la concurrence. Les syndicats estiment que la réunification de la SNCF, l’opérateur, et de RFF, le gestionnaire du réseau, contenue dans votre projet ne va pas assez loin. Ils voudraient un seul groupe. Est-ce possible? Nous voulons réunifier la famille ferroviaire. Le régime de séparation imposé au couple SNCF-RFF depuis 1997 a montré ses limites. On lui doit notamment l’incident des TER trop larges pour les quais. Nous irons jusqu’au bout de ce qu’il est possible de faire en termes d’intégration et de compatibilité avec ce qu’exige Bruxelles. L’Etat reprend la main sur le rail et les cheminots ne peuvent pas y être insensibles. Nous allons recréer un groupe autour d’un établissement public chargé d’appliquer la politique ferroviaire. Cet établissement coiffera deux entités, SNCF mobilités, chargée du transport et SNCF réseau, responsable de la gestion des infrastructures. Certains estiment que ce paquet ferroviaire manque d’ambition… Je pense au contraire qu’il est essentiel. Avec lui, la France va peser dans le débat sur l’avenir du rail en Europe. Nous défendons un modèle 100 % public, unifié et euro-compatible. Le calendrier d’ouverture du rail à la concurrence ne doit pas conduire pas à répéter des erreurs commises ailleurs. Je veux éviter qu’on aboutisse à une nationalisation des pertes et une privatisation des profits. Cette réforme n’est-elle pas avant tout taillée pour Guillaume Pepy, l’hyperprésident de la SNCF? La SNCF est très incarnée mais le ministère des Transports l’est aussi. Il ne s’agit pas d’une réforme Pepy. La question n’est pas de savoir qui va gouverner. Il y aura une seule stratégie partagée par chacun des présidents des deux entreprises du nouveau groupe public ferroviaire. Et l’Etat en sera le garant. « »Tous les ans si nous ne faisons rien, nous produisons une facture automatique de 1,5 milliard d’euros. »» Selon vos chiffrages, la réforme n’effacera pas la dette de la SNCF et de RFF qui s’élève déjà à 40 milliards d’euros. Allez-vous vous attaquer au trou du rail? Nous allons d’abord stabiliser les pertes d’exploitation. Tous les ans si nous ne faisons rien, nous produisons une facture automatique de 1,5 milliard d’euros. Et les quatre nouvelles lignes à grande vitesse lancées sous l’ère Sarkozy la porteront à 3 milliards. La réforme va permettre d’endiguer enfin cette dérive. A quelles attentes des usagers répondra-t-elle? Ils veulent des trains qui marchent mieux sur un réseau plus fiable, plus régulier et c’est l’un des objectifs poursuivi. Cela suppose, par exemple, que l’on optimise le trafic sur les grandes lignes nationales en créant de meilleures jonctions entre les TER et les trains d’équilibre du territoire. Et il ne faut pas que le transport coûte plus cher. La politique tarifaire de la SNCF y veillera. Est-ce la fin de la grande vitesse? Elle doit être là où elle est utile et a du sens et cesser de répondre à des enjeux locaux qui ont siphonné les caisses des régions. Il faut un réseau à grande vitesse sur les grands axes européens. Aujourd’hui, notre effort doit porter sur l’entretien et la modernisation du réseau existant et sur un maillage qui facilite l’accès des passagers à la grande vitesse. La hache de guerre entre les régions qui financent les TER et la SNCF va-t-elle être enterrée? Je me suis déjà attelé à la question de leur compétence ferroviaire, notamment sur la transparence des comptes fournis par la SNCF. Jusqu’ici, les régions étaient sur le banc de touche. Nous allons les mettre dans l’établissement de tête du futur groupe public intégré et dans le conseil de SNCF réseau. Les régions sont reconnues, elles ne l’étaient pas, le parlement aussi et l’Etat est présent, il ne l’était plus.
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