Vers la disparition du PS (Cambadélis)
Dans un discours prononcé à huis clos devant ses collègues députés en présence de Manuel Valls, le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a longuement analysé la nouvelle donne dans le paysage politique français qu’est le » tripartisme ». Il a aussi dramatisé son propos en expliquant que tout cela peut mal se terminer et rappelé que dans le désarroi, « les Français peuvent s’en remettre à un homme », en évoquant la période Pétain. Si le 21 avril 2002 ( qui avait vu l’élimination de Lionel Jospin du deuxième tour de la présidentielle au profit de Jean-Marie Le Pen ), a pu apparaître comme un accident dont le Parti s’est relativement vite remis, il en irait bien différemment si le phénomène se reproduisait en 2017. En fait, la possibilité de l’élimination du candidat socialiste du second tour de la présidentielle parce que devancé par Marine Le Pen et le candidat UMP hante désormais les élus et responsables du parti : « Quand un troisième parti s’installe dans la Ve République, » alors qu’il « n’y a que deux partis à l’arrivée, ne pas être dans les deux, c’est la marginalisation », a appuyé un peu plus tard dans la soirée le sénateur Assouline devant le bureau national. Si le premier secrétaire et le Premier ministre en appellent à resserrer les rangs et à ne pas relâcher les efforts de redressement qui vont immanquablement finir par produire des résultats, il n’en va pas de même chez les élus dont une partie réclame « que l’on écoute le message de colère des électeurs » et demande au gouvernement d’infléchir sa politique et réclame plus de « gestes » en faveur des « plus démunis ». « C’est terrible d’entendre dire on ne change pas », déplorait le député de la circonscription des Français d’Afrique, Pouria Amirshahi, qui travaille avec d’autres députés frondeurs, à « une plate-forme pour sortir de l’impasse ». Et hier, le député du Pas-de-Calais Guy Delcourt, un homme bien implanté et habituellement très discret, a brisé un tabou en lançant un propos que les socialistes réservaient jusqu’alors à leurs échanges privés, à savoir « qu’il y a un vrai problème entre François Hollande et les Français ». Une déclaration qui a laissé les participants pantois : « Tout le monde regardait le bout de ses chaussures » racontait un de ses collègues à l’issue de la réunion. Manuel Valls est alors intervenu pour expliquer que « François Hollande est très lucide sur la situation », et en a plus généralement appelé au « respect des institutions », tandis que certains députés s’interrogeaient sur l’opportunité de cette déclaration, préférant se concentrer sur la « reconstruction du Parti » et la nécessaire réflexion sur « l’identité du PS, qu’il faut redéfinir ».
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