L’euroscepticisme rebat les cartes…un peu
Même si les eurosceptiques n’occupent que 131 sièges sur 751, c’est quand même un coup de pied dans la fourmilière. Et les débats risquent d’être tendus entre trop d’Europe, pas assez d’Europe, trop de libéralisme, pas assez de libéralisme, trop de bureaucratie, davantage de moyens pour l’Europe. Mais il ne faut guère s’attendre à de grands changements avec Juncker le libéral ou Schulz le socialiste très modéré. Du coup ce vote risque de constituer un coup d’épée dans l’eau. Car la vérité c’est que les responsables politiques ne savent pas quoi faire pour relancer la croissance, du coup ils s’en remettent aux technocrates (les 55 000 fonctionnaires de Bruxelles) qui eux mêmes sont encore plus incompétents que les politiques. Comme habitude on va trouver un mauvais compromis pour la désignation du président de la commission et pour la réorientation des politiques, un mauvais compromis comme d’ habitude car cette Europe à 28 est complètement ingouvernable et finalement c’es t Merkel qui tire les ficelles.. Pour redémarrer la machine économique, les conservateurs et Juncker veulent conjuguer la poursuite de la rigueur à une ouverture accélérée des marchés. Les sociaux-démocrates et Schulz ne parlent pas ouvertement de relance, mais se montraient prêts à desserrer l’étau budgétaire afin d’endiguer le chômage. La France est en première ligne. Les électeurs ont choisi, mais un débat plus têtu se profile entre les 28 capitales: après cinq ans de crise, et face au désamour confirmé des Européens, faut-il revoir l’architecture et le fonctionnement même de l’UE? Les vingt-huit chefs d’État et de gouvernement s’en empareront dès demain soir, lors d’un dîner à huis clos officiellement convoqué pour «tirer la leçon du scrutin». Maître de la cérémonie, Herman Van Rompuy assure qu’il sera «trop tôt pour se décider sur les noms» du chef de l’exécutif européen et de tous ceux qui prendront la relève à Bruxelles d’ici à la fin de l’année. Mais le président du Conseil signale que «la forme future de l’UE» sera tout de suite sur la table. Bref, avant de choisir les hommes, il faut parler du programme qui doit restaurer la confiance dans le projet européen. Ce brutal changement de perspective risque de ne plaire ni au vainqueur de dimanche, ni au Parlement fraîchement élu, ni même aux électeurs qui croyaient élire à coup sûr le futur président de la Commission. Le conflit de légitimité pourrait conduire à l’épreuve de force entre le Conseil européen (où siègent les États) et les 751 eurodéputés, lorsque le premier devra «proposer» et le second «élire» le successeur de Barroso. Mais le débat, désormais bien lancé, sur la nécessaire transformation de l’UE comme de la zone euro n’en restera pas là. Parmi les Vingt-Huit, le Britannique David Cameron, soucieux d’offrir des gages à un électorat de plus en plus eurosceptique, est celui qui a poussé le plus loin la donne. Il veut rogner les ailes de l’UE et rapatrier des pans entiers de souveraineté concédés à Bruxelles. Angela Merkel et François Hollande parlent d’approfondir l’union entre les 18 pays de la zone euro, mais ils divergent sur les objectifs comme sur les moyens. Moins d’Europe, plus d’Europe, c’est déjà l’union à deux vitesses, voire à trois. Une autre ligne de clivage se profile dans les jours qui viennent. Entre les dirigeants qui veulent repenser rapidement l’UE – notamment les conservateurs au Nord – et ceux qui veulent avancer à pas comptés, avec François Hollande.
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