Affaire Tapie: Guéant convoqué par la justice
En perquisitionnant dans les mémoires informatiques de l’ancien cabinet d’avocats de Maurice Lantourne, le défenseur de Bernard Tapie, les enquêteurs ont en effet découvert une vieille correspondance entre le camp Tapie et le bras droit de Nicolas Sarkozy. Selon les « scellés Lantourne » dès le 2 septembre 2004, Bernard Tapie écrit à Claude Guéant. Il lui rappelle son souhait « d’une médiation, d’un arbitrage ou toute autre formule préférable à la venue publique du procès en appel ». Le ton est déjà à la proximité puisque le courrier commence ainsi : « Vous m’avez gentiment indiqué… » Le 3 juin précédent, Bernard Tapie avait déjà envoyé une « note » sur son affaire à Brice Hortefeux. Le 22 octobre 2004, Maurice Lantourne, d’après un autre courrier retrouvé dans ses archives, écrit à un autre proche de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart, et lui adresse différents documents « pour faire suite à votre entretien avec Monsieur Bernard Tapie », écrit-il. Ainsi le camp Tapie abreuve dès 2004 l’entourage de Sarkozy de plusieurs « notes » sur le « préjudice » dont l’ancien patron d’Adidas estime avoir été victime de la part du Crédit lyonnais. Claude Guéant reçoit un deuxième mémorandum le 23 mars 2005, cette fois-ci au conseil général des Hauts-de-Seine. Le 6 octobre 2005, Tapie lui écrit de nouveau, cette fois-ci comme directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur : « Je vous prie de trouver ci-joint copie de la synthèse qui m’a été adressée par mon conseil Me Maurice Lantourne. Je vous remercie de penser à mon rendez-vous avec Monsieur Bot et que Nicolas parle à son collègue de Bercy afin que leurs directeurs de cabinet respectifs se parlent », dit Tapie, direct dans ses demandes. Yves Bot est alors procureur général de Paris… Le 20 janvier 2006, Bernard Tapie contacte encore Guéant et lui adresse copie d’une nouvelle note qu’il vient d’envoyer à Laurent Le Mesle, alors directeur de cabinet du garde des Sceaux Pascal Clément. Autant de courriers et d’interventions étranges sur lesquels Claude Guéant devrait être auditionné. Pourquoi ces contacts anciens et répétés avec Tapie au sujet de son affaire? L’arbitrage aujourd’hui contesté ne sera lancé qu’à l’automne 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy, et se soldera par une victoire totale de Tapie qui empoche 403 millions d’euros, dont 45 millions au titre du préjudice moral. Les dés étaient-ils pipés depuis longtemps, comme semblent le penser les juges? Devant eux, Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, a avoué sa surprise d’être tombé sur Bernard Tapie à l’Élysée en juillet 2007, plaidant sa cause dans le bureau de Claude Guéant… Quel rôle a donc joué ce dernier dans ce que les juges considèrent comme étant « une mascarade d’arbitrage »? A-t-il agi d’initiative ou sur consigne du président? L’ex-secrétaire général de l’Élysée va être amené à s’expliquer. Tant pour l’année 2007… que pour la période antérieure. « . Au-delà du volet pénal et de l’escroquerie présumée en bande organisée, une date vient d’être fixée pour la demande d’annulation de l’arbitrage : le 25 novembre devant la cour d’appel. D’ici à la fin de l’année, Tapie saura donc si son arbitrage tient ou non. Et s’il gardera ou devra rendre les millions.
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