La BCE aveugle et sourde

La BCE aveugle et sourde

 

Problème récurrent d’audition et de vision pour la BCE qui ne voit pas la crise s’ancrer en Europe. Elle n’a pourtant théoriquement qu’une mission, réguler l’inflation. Or précisément l’Europe est au bord de la déflation. Pour autant à part quelques paroles rassurantes, il ne faut pas s’attendre à grand chose de la part de la BCE lors de sa réunion de jeudi. Une double question est posée pour la BCE : sa compétence et son statut. Sa compétence car ses membres semblent tétanisés face aux problèmes ;  son statut car évidemment une banque centrale doit avoir un rôle important au service de l’économie comme au Japon, aux Etats, Unis, en Chine ou encore en Grande Bretagne. La semaine dernière, plusieurs membres de l’institution européenne ont pourtant indiqué qu’elle préparerait de nouvelles mesures exceptionnelles pour que la zone euro ne bascule pas dans la déflation. Même le très orthodoxe Jens Weidmann, le patron de la Bundesbank, a indiqué qu’il n’était pas hors de question que la BCE muscle son action, à condition toutefois qu’elle respecte son mandat. C’est-à-dire qu’elle ne finance pas directement les Etats. La faiblesse de l’inflation, qui, selon des données publiées par Eurostat lundi 31 mars, est tombée à un plus bas historique au mois de mars, à 0,5%, a semblé accentuer la pression mise sur les épaules de la BCE.  Pourtant, mardi 1er avril, son vice-président, le portugais Victor Constancio, a calmé le jeu en réaffirmant que l’institution « ne voit pas de scénario de déflation » dans la zone euro. La BCE chercherait-elle ainsi à gagner un peu de temps? La très grande majorité des analystes s’attend, en tout cas, à un statu quo de sa part, pour ce jeudi. « La BCE devrait rester au niveau du discours sans passer à l’acte. Je n’attends pas de décision concrète mais des paroles plus accommodantes » de la part de son président Mario Draghi, explique Gilles Moec, co-directeur des études économiques chez Deutsche Bank. « La BCE cherche à se distinguer un peu du flux de données quotidiennes », poursuit-il, indiquant ainsi que le niveau actuel de l’inflation ne devrait pas suffire à pousser la BCE à agir. A plus long terme, l’institution européenne pourrait néanmoins être contrainte de dégainer. « Si en avril et en mai les chiffres de l’inflation se situent encore en-dessous de la trajectoire anticipée par la BCE, il y aura une attente forte, car sa crédibilité sera fragilisée », estime Gilles Moec.

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