Hollande redécouvre l’Europe
Lors de sa campagne européenne Hollande avait promis de réorienter l’Europe mais depuis il a oublié ; cependant La pression de l’aile gauche de la majorité, qui rejette plus que jamais le choix de la rigueur budgétaire affiché par François Hollande, est plus forte aujourd’hui. « Il est temps de desserrer l’étau des contraintes du pacte de stabilité », estime un de ces courants, Maintenant la gauche, dans une lettre ouverte adressée dimanche au chef de l’Etat. Ses membres exhortent celui-ci à « engager le rapport de force » et à notifier à Bruxelles « le refus de respecter dans les délais » des critères de déficit « restrictifs ». Le courant « Un Monde d’avance », fort d’une vingtaine de députés, plaide pour une « confrontation au niveau européen » – « Hollande l’a refusée en 2012, maintenant il se retrouve au point de départ », dit son secrétaire général, Guillaume Balas. Le chef de l’Etat, qui a pris devant ses partenaires européens l’engagement de ramener le déficit français sous la barre des 3% du PIB en 2015, semble avoir au moins partiellement entendu ces appels. Il a annoncé dès lundi soir son intention d’obtenir de nouveau l’indulgence de Bruxelles vis-à-vis de déficits que la France n’est pas parvenue à contenir dans les limites promises. Il a certes promis de mettre en œuvre le programme de 50 milliards d’euros d’économies annoncé avant les municipales. Mais « je ne veux surtout pas fragiliser la croissance qui repart », a-t-il ajouté dans son intervention télévisée. »Le gouvernement aura aussi à convaincre l’Europe que (la) contribution de la France à la compétitivité, à la croissance, doit être prise en compte dans le respect de nos engagements », a-t-il poursuivi. « Car (…) renforcer l’économie française, c’est la meilleure façon de réorienter l’Europe. » François Hollande peut se prévaloir de la caution d’un banquier réputé de gauche, Matthieu Pigasse, qui déclarait à Reuters la veille du second tour des municipales que Paris devait s’inspirer des réformes de Matteo Renzi. « Nous continuons de mener en Europe des politiques d’austérité dont nous savons qu’elles sont mortifères », estime le directeur général de la banque d’affaires Lazard France. « En Italie, vous avez un Premier ministre, Matteo Renzi, qui a décidé d’un coup de renverser la table, de casser les dogmes. » Mais comme en écho, la France s’est attiré mardi un rappel à l’ordre du président de l’Eurogroup: « La France (…) a déjà obtenu du temps et doit fournir davantage d’efforts », a déclaré à la presse Jeroen Dijsselbloem. Jusqu’aux européennes Hollande va de nouveau avancer l’idée d’une nécessaire réorientation de l’Europe ensuite il reprendra le chemin du compromis entre relance et austérité.
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