Solidarité : et encore un pacte, un !
Pour Hollande à chaque problème, la réponse c’est un pacte, cette fois en matière de justice sociale. On pourrait tout simplement se passer de cette enflure sémantique et parler simplement de baisse d’impôt et tout de suite. Le pacte cependant est politiquement plus sexy, d’autant qu’en réalité il ne veut pas dire grand chose. Après le Pacte de responsabilité, le Pacte de solidarité. François Hollande en a fait l’annonce mardi 31 mars en même temps que le remaniement. « Au Pacte de responsabilité doit correspondre un pacte de solidarité », a déclaré le chef de l’Etat lors de la nomination de Manuel Valls à Matignon. Dont le troisième « pilier » est : le pouvoir d’achat. Ce n’est pas une surprise. Après le premier tour des municipales, lors du dernier conseil des ministres, le chef de l’Etat avait souligné la nécessité de tirer la leçon du scrutin en travaillant au redressement du pays avec plus de « force », plus de « cohérence » et plus de « justice sociale ». Ce que le deuxième tour a confirmé. Comment rendre du pouvoir d’achat aux Français ? Mercredi dernier, sur le perron de l’Elysée, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avait affirmé que l’objectif était « d’aller vers une baisse de la fiscalité des ménages ». Le président du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, évoquait de son côté l’annonce prochaine de mesures « à destination des plus modestes ». François Hollande a confirmé lundi qu’il prévoyait »une diminution des impôts d’ici 2017″. Depuis plusieurs mois, un groupe de travail composé de parlementaires, de représentants de l’administration et de partenaires sociaux, planche sur la réforme de la fiscalité des ménages, dans le cadre de la « grande remise à plat » voulue par Jean-Marc Ayrault. Retenue à la source, hausse de la CSG, baisse de l’impôt sur le revenu… en plus d’une refonte des grands impôts à niveau de prélèvements constant, des mesures ciblant les plus modestes avaient déjà été évoquées, notamment une refonte de la prime pour l’emploi et du RSA activité. En parallèle, François Hollande prévoit « une baisse rapide des cotisations payées par les salariés ». La mesure semble parfaitement cohérente avec la trajectoire suivie jusqu’ici. C’est une réponse au Pacte de responsabilité, baisse des cotisations sociales réglées par les employeurs, de 30 milliards d’euros. Cette mesure avait d’ailleurs été préconisée par Louis Gallois. Dans son rapport sur la compétitivité remis au gouvernement à l’automne 2012, l’industriel proposait, en plus d’une baisse de 20 milliards d’euros des cotisations patronales, une baisse de 10 milliards d’euros des cotisations des salariés. Afin, expliquait-il alors, de diminuer la pression des employeurs sur les hausses de salaires – en grande partie responsable de la perte de compétitivité de la France par rapport à l’Allemagne. Mais afin aussi de compenser les importantes hausses d’impôts, votées sous l’actuelle et la précédente majorité pour rétablir les comptes publics en pleine crise. François Hollande n’a bien évidemment pas annoncé l’ampleur du Pacte de solidarité. De combien baissera-t-il les impôts ? Entre le financement du Pacte de responsabilité et la nécessité de réduire les déficits publics, « ses marges de manœuvre sont nulles« , rappelait l’économiste Philippe Crevel lundi au Nouvel Observateur. Elles dépendent, comme toujours, du niveau de croissance que la France parviendra à retrouver.
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