Ecoutes Sarkozy: des mensonges d’Etat
Dan cette affaire judicaire à forte connotation politicienne, difficile de comprendre quelque chose. Le gouvernement dit avoir bien été informé des écoutes concernant Sarkozy mais déclare n’avoir pas été informé de leur contenu. Difficilement croyable. Il est clair que Sarkozy- qui n’est pas l’innocent qu’on croit- est visé par le gouvernement qui encourage les procédures, les fait déclencher parfois et autorise aussi la violation du secret de l’instruction. Qui donc en effet transmet les informations de l’instruction à la presse ? Pour les grandes affaires politico-judiciaires c’est le mensonge d’Etat permanent. A commencer par Hollande qui suit au jour le jour les affaires qui pourraient plomber son principal concurrent en 2017. Le Canard enchaîné, dans son édition de mercredi, dévoile que la ministre de la Justice Christiane Taubira avait été mise au courant, en février dernier, des écoutes téléphoniques visant Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog. Christiane Taubira a pourtant affirmé lundi sur France Info qu’elle n’était pas au courant, avant les révélations du journal Le Monde vendredi dernier. Mardi soir, Jean-Marc Ayrault a réagi à son tour, sur France 2, affirmant que « l’exécutif n’a pas appris le contenu des écoutes« . Le Canard enchaîné vient de mettre à mal les affirmations de Christiane Taubira. Lundi sur France Info, la ministre de la Justice refusait l’immunité pour les avocats, choqués qu’un des leurs, Maître Thierry Herzog, ait été écouté en raison des affaires entourant l’ancien président Nicolas Sarkozy. Mais elle disait aussi n’avoir eu connaissance de ces écoutes téléphoniques ordonnées par les juges qu’à la lecture du quotidien Le Monde, vendredi dernier. Dans son édition à paraître ce mercredi, l’hebdomadaire satirique affirme tout autre chose. Le parquet général aurait transmis, le 26 février dernier, une synthèse des écoutes à la ministre de la Justice. Ces dernières heures, l’affaire a suscité une levée de boucliers du côté de l’UMP. Des ténors de l’opposition ont clamé haut et fort leurs doutes quant au fait que le gouvernement et le président de la République aient pu ne pas être au courant de ces écoutes. Jean-Marc Ayrault a refusé une enquête parlementaire, tandis que François Hollande s’est dit prêt à recevoir le bâtonnier de Paris et le président de l’Union syndicale des magistrats (USM), qui lui ont tous deux adressé une lettre en début de semaine. La chancellerie était donc au courant, mais c’est l’inverse qui aurait été étonnant. Si on remonte le fil de l’histoire : en avril dernier, les juges qui enquêtent sur un possible financement libyen de l’UMP décident de placer Nicolas Sarkozy sur écoute. Les magistrats découvrent des échanges entre l’ancien président et son avocat, qui pourraient laisser penser que les deux hommes tentent d’influer sur le cours d’une autre affaire, l’affaire Bettencourt. Les juges transmettent ce qu’ils ont découvert incidemment au tout nouveau parquet financier. C’est la 2e étape. La procureure Eliane Houlette décide alors d’ouvrir une information judicaire visant Nicolas Sarkozy. Le 26 février dernier, elle en avise sa hiérarchie, le parquet général de Paris. L’information remonte ensuite place Vendôme, à la direction des affaires criminelles et des grâces ; c’est le cas pour toutes les affaires jugées sensibles. Ainsi, depuis le 26 février, la chancellerie savait que Nicolas Sarkozy avait été écouté, sans connaître forcément le contenu précis des écoutes. C’est ce qu’a affirmé mardi soir sur France 2 le Premier ministre Jean-Marc Ayrault : « L’exécutif n’a pas appris le contenu des écoutes« .
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