Déficit, compétitivité: carton jaune de Bruxelles pour la France
Pour Bruxelles les principales faiblesses de la France ne sont pas réglées (compétitivité, déficit, coût du travail etc.). Comme l’Espagne et l’Irlande, la France va donc être sous surveillance étroite de la Commission européenne. Un camouflet pour la deuxième économie de la zone euro, qui se retrouve associée à des pays qui viennent tout juste de sortir de leur plan d’assistance financière. Le constat à Bruxelles est simple: malgré les mesures prises pour favoriser la compétitivité, le compte n’y est toujours pas. « Le coût du travail reste élevé et pèse sur les marges des entreprises », a estimé Olli Rehn, le commissaire en charge des Affaires économiques, comme il le fait inlassablement depuis plus d’un an. Autre faiblesse: le niveau de la dette, au-dessus de 95%, qui risque d’exposer le pays à des « turbulences » sur les marchés financiers, comme au plus fort de la crise de l’euro. »Pour répondre au défi de la compétitivité, la France doit améliorer l’environnement des entreprises et renforcer la concurrence dans les services », a préconisé M. Rehn, qui fera des recommandations plus spécifiques pour chaque Etat membre début juin. D’ici là, Paris devra faire parvenir à la Commission son plan budgétaire à moyen terme, ainsi que les détails du pacte de responsabilité proposé par le président François Hollande aux entreprises. Cette mesure clé prévoit la suppression de 30 milliards d’euros de cotisations patronales d’ici à 2017, avec comme objectif de relancer l’emploi. Deux semaines à peine après avoir tiré la sonnette d’alarme, la Commission a par ailleurs remis sur le tapis la question du déficit français, et a adressé une « recommandation » à Paris. Pour elle, le déficit public devrait rester largement au-dessus de 3% en 2014 comme en 2015, si Paris ne prend pas de nouvelles mesures. « Compte tenu du niveau élevé des dépenses publiques, il est important que les efforts portent sur leur réduction », souligne Olli Rehn. Paris a réagi en rappelant ses engagements. « Le gouvernement est engagé à poursuivre son effort de rétablissement des comptes publics jusqu’a la fin du quinquennat, en faisant porter l’intégralité des efforts sur la réduction de la dépense publique à partir de 2015, avec au moins 50 milliards d’euros d’économies prévues sur la période 2015-2017″, ont répondu les ministres Pierre Moscovici (Finances) et Bernard Cazeneuve (Budget). Dans son rapport, la Commission a fait le point sur chacun des 18 pays de la zone euro. Quatorze d’entre eux souffrent de déséquilibres. La Croatie, la Slovénie et l’Italie sont en plus mauvaise posture que la France, et font face à des déséquilibres jugés « excessifs » qui requièrent également une surveillance renforcée. La situation est particulièrement critique pour l’Italie, qui conjugue une dette conséquente à des problèmes de compétitivité, et risque des sanctions financières de Bruxelles si elle ne se réforme pas rapidement. Un défi pour le nouveau gouvernement de Matteo Renzi. De son côté, l’Allemagne a été une nouvelle fois épinglée pour ses excédents commerciaux, vus comme le signe d’une dépendance aux exportations et le reflet d’une demande intérieure faible. La Commission a réaffirmé que Berlin devait « mettre en place des mesures pour stimuler sa demande intérieure et son potentiel de croissance ».
0 Réponses à “Déficit, compétitivité: carton jaune de Bruxelles pour la France”