Euthanasie : Un panel de 18 français représentatif de quoi ?
La question de l’euthanasie est délicate et complexe mais pourquoi avoir demandé à un groupe de français (18 personnes) « représentatif » des français de donner un avis ? Curieuse conception de la démocratie même si l’avis rendu parait de bon sens. En réalité c’est parce que le comité national d’éthique avait donné un avis négatif en juillet 2013 que ce groupe « représentatif » a été réuni. En général lorsqu’on constitue un panel (lors de sondages par exemples), il faut de l’ordre de 1000 personnes pour considérer qu’il est représentatif avec la méthode des quotas (âge, sexe, CSP, situation géographique, etc.). 18 personnes ne sauraient donc être représentatives des français en dépit du choix qui aurait été fait pas l’IFOP à la demande du gouvernement. En fait on a choisi cette curieuse méthode pour contourner lavis de comité national d’éthique (qui n’est pourtant que consultatif) qui devra à nouveau délibérer. Le suicide médicalement assisté et l’euthanasie à la demande du patient sont interdits en France. Trois pays européens – Pays-Bas, Belgique, Luxembourg – autorisent l’euthanasie. Le suicide assisté est légal en Suisse. François Hollande s’était engagé en juillet à un projet de loi d’ici la fin de l’année pour « compléter, améliorer » la loi Leonetti de 2005 sur les droits des malades et la fin de vie, mais la réflexion sur le sujet progresse à pas comptés. L’élaboration d’un texte devrait en effet prendre du temps. Le CCNE rendra un rapport sur le débat national relatif à la fin de vie « fin janvier ou en février ». Dans ses 60 engagements, le président proposait que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Critiquée pour son flou, la loi Leonetti promeut la pratique des soins palliatifs et définit un cadre pour qu’un malade puisse solliciter l’arrêt des traitements ou bénéficie de produits antalgiques jusqu’à ce que sa vie en soit abrégée. Une forme de droit à « laisser mourir » qui ajoute selon ses détracteurs au désarroi et à la douleur des familles. Dans un rapport rendu fin 2012 à François Hollande, le professeur Robert Sicard recommandait d’autoriser dans certains cas un geste médical « accélérant la survenue de la mort ». Saisi par le chef de l’Etat, le CCNE s’était prononcé le 1er juillet, à la majorité de ses membres, contre la légalisation de l’assistance au suicide et de l’euthanasie. Constatant l’absence de consensus sur le sujet, l’instance avait décidé de poursuivre la réflexion sous la forme d’un débat public. Un groupe représentatif de 18 Français, huit hommes et dix femmes, sélectionnés par l’institut IFOP, s’est réuni durant trois week-ends à huis clos en novembre et décembre pour entendre l’avis de spécialistes, dont Jean Leonetti, et de personnes qui ont accompagné un proche en fin de vie. Dans leurs conclusions, ils estiment que « la possibilité de se suicider par assistance médicale comme l’aide au suicide » constitue « un droit légitime du patient en fin de vie ou souffrant d’une pathologie irréversible, reposant avant tout sur son consentement éclairé et sa pleine conscience ». Ils ajoutent que « les mesures contenues dans la loi Leonetti, les avancées en matière de soins palliatifs et l’ouverture de recourir au suicide assisté que nous préconisons » permettent « d’écarter l’euthanasie comme solution pour la fin de vie ». Ils prônent en outre l’autorisation de la sédation en phase terminale. Selon un sondage IFOP, 92% des Français sont favorables à l’euthanasie pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de « maladies insupportables et incurables ».
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