SNCM : la fin ?

SNCM : la fin ?

Le sort de la SNCM, de ses 2.500 salariés et d’une activité qui alimente les bassins est de Marseille, soit la quasi-totalité de l’activité portuaire de la ville, est toujours en suspens. Vendredi soir, le conseil d’administration de Transdev, filiale de Veolia et actionnaire majoritaire de la SNCM, s’est réuni une nouvelle fois en urgence. À l’ordre du jour, les 13 millions d’euros que le groupe s’est engagé à verser à la compagnie pour lui permettre de « tenir » jusqu’en 2014. Un nouveau rendez-vous a été fixé à mercredi avec le patron de la SNCM, Marc Dufour. Les actionnaires attendent de lui un état précis de la trésorerie de l’entreprise. « Nous ne savons pas si la société peut être viable ou si la situation est irrémédiablement perdue », explique-t-on du côté de Veolia pour justifier ce délai supplémentaire. Les comptes de la compagnie sont dans le rouge depuis mars et sous la surveillance du tribunal de commerce de Marseille. Son activité est en baisse, et elle a perdu plus de la moitié des subventions qu’elle recevait de la part de la collectivité territoriale corse pour délégation de service public. « En 2006, la société n’avait aucune dette. Son fonds de commerce était sain. Regardez où elle en est aujourd’hui alors que son ancienne filiale, la Méridionale, elle, fait des bénéfices », interpelle Paul Giacobbi, député et président de l’exécutif corse. Le plan de réduction des coûts mis en place tarde aussi à payer. Pour Marc Dufour, aux commandes depuis trois ans, la SNCM a encore besoin de temps. Il s’est engagé dans de longues négociations sociales avec les puissants syndicats du groupe et a obtenu une baisse de 25% de la masse salariale, soit le départ de près de 700 salariés. Son plan de développement prévoit aussi de multiplier les fréquences pour augmenter le chiffre d’affaires, en assurant des liaisons de jour et non plus seulement de nuit. Il souhaite pour cela un renouvellement de la flotte et l’ouverture de plus de liaisons sur le Maghreb. « Tout cela avait été validé fin septembre quand je l’avais présenté à mes actionnaires », regrette aujourd’hui Marc Dufour. Surtout, la SNCM a été rattrapée ces derniers mois par deux anciennes procédures lancées par son concurrent Corsica Ferries auprès des instances européennes. Une première, puis une deuxième condamnation exigent le remboursement à l’État de 440 millions d’euros d’aides jugées illégales. Une dette, si elle est acquittée, qui condamne sans appel la société. Mais qui a aussi révélé plusieurs zones d’ombres qui jalonnent l’histoire de la compagnie dont les conditions de sa privatisation en 2006 à l’origine de l’une des lourdes condamnations. À cette époque, le choix par l’État d’un fonds d’investissement comme repreneur, puis deux ans plus tard de Veolia comme actionnaire majoritaire, avait semé le trouble. « L’échec retentissant de ces opérations » et « l’énorme gâchis sur lequel elles ont débouché » ont été retracés longuement mercredi par une commission parlementaire. Un nouveau pavé dans la mare dont les remous tombent mal à propos. « Tout doit pourtant être tenté », insiste Jean-Claude Gaudin, depuis la mairie de Marseille, où étaient reçus vendredi encore des sous-traitants inquiets de la disparition de leur premier donneur d’ordre. À Paris, cinq ministères surveillent ce dossier brûlant. L’État détient toujours 25% de la SNCM aux côtés de Veolia. Pour Marc Dufour, il pourrait donc effacer la dette réclamée par Bruxelles. Ou tout au moins en faire son affaire. Reste à connaître la position définitive de Veolia sur le dossier. « Veolia ne fait pas assez d’efforts, tranche Jean-Claude Gaudin, et ce ne sont pourtant pas les marchés qui lui manquent sur notre agglomération. » Depuis des mois, le géant de l’environnement planifie son désengagement de toutes ses activités dans le transport. Apurée de ses dettes, la SNCM pourrait intéresser des repreneurs. Aucun ne s’est officiellement manifesté mais le nom du groupe STEF-TFE revient avec insistance. Propriétaire de la Méridionale, il exploite trois bateaux sur des lignes concurrentes de la SNCM. Et pourrait reprendre quatre navires, 700 salariés et les subventions de délégation de service public versées par la collectivité corse, qui demanderait en échange à entrer au capital. Ce scénario a quelques attraits pour les élus de l’île de Beauté, il laisserait juste à quai près de 2.000 salariés.

 

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