Baisse surprise du taux de la BCE
La très grande majorité des analystes s’attendaient à ce que la BCE résiste, du moins ce mois-ci, aux appels des marchés financiers et de responsables politiques, pour agir face à une inflation très basse. « Il est évident que la BCE sous la présidence de Draghi est devenue beaucoup plus pro-active que sous ses prédécesseurs », selon Carsten Brzeski, économiste chez le bancassureur ING. Pour Yves Marçais, vendeur d’actions chez Global Equities, « la réaction des marchés est cohérente, puisqu’ils apprécient les politiques monétaires accommodantes quelle que soit la logique à l’oeuvre ». Selon lui, la BCE a d’abord réagi à la forte baisse de l’inflation observée récemment. Son président Mario Draghi a en outre prévenu que la zone euro était potentiellement au seuil d’une « période prolongée d’inflation basse » en ajoutant que la BCE disposait encore d’instruments en réserve pour agir. « La BCE a montré une nouvelle fois qu’elle peut devenir très créative dans le but de soutenir la fragile reprise en zone euro », indiquent les stratégistes chez Kempen Capital Management. Plusieurs indices boursiers s’inscrivaient en nette hausse, alors qu’il évoluait autour de l’équilibre avant l’annonce de la BCE. Vers 15H40 (14H40 GMT), le CAC 40 à Paris prenait 0,98% et le Dax à Francfort 1,14%. En revanche, d’autres indices étaient plus contrastés, avec le FTSE à Londres (+0,11%) l’Ibex à Madrid (+0,42%) et le Mib à Milan (-0,33%). De son côté, Wall Street a ouvert en hausse, alors que la croissance américaine a été beaucoup plus vive que prévu au troisième trimestre à 2,8%, contre des attentes à 2%. Le Dow Jones prenait 0,27% et le Nasdaq 0,13%. De même, le marché obligataire a applaudi la nouvelle, qui permet aux investisseurs de prendre davantage de risque. Les pays les plus fragiles ont été les premiers bénéficiaires. Le taux à 10 ans de l’Espagne baissait à 4,031% (contre 4,149% mercredi à la clôture), tout comme celui de l’Italie à 4,066% (contre 4,210%), sur le marché secondaire où s’échange la dette déjà émise. Dans le même temps, le taux de l’Allemagne reculait à 1,691% (contre 1,741%) et celui de la France à 2,157% (contre 2,222%). Enfin, l’euro était un autre grand bénéficiaire de l’annonce et reculait à 1,3374 dollar contre 1,3517 dollar mercredi à 22H00 GMT. Pour autant, la force de l’euro par rapport aux autres monnaies mondiales n’a joué « aucun rôle » dans la décision de la BCE, a affirmé Mario Draghi.