SNCF: dans le rouge en 2013
2013 sera une année de croissance nulle, selon les données fournies par la direction de la SNCF lors d’un séminaire de presse. Selon le quotidien Les Echos, cela pourrait se traduire par un résultat négatif pour l’entreprise, le 1er déficit depuis 2009. D’autant que le groupe devrait, selon des sources internes, déprécier de nouveau son parc TGV dans ses comptes, à hauteur de 700 millions d’euros. L’objectif du groupe reste pourtant, d’ici 2020, de réaliser 3% de croissance annuelle et de faire passer son chiffre d’affaires de 28,3 milliards d’euros en 2012 à 35,8 milliards en 2020, « alors que la France tourne au ralenti », a dit le président de SNCF Guillaume Pepy. La dette, elle, devra passer de 6,8 milliards d’euros à 4,9 milliards en 2020. Dans un pays où 73% des déplacements se font en voiture, le trafic TER, qui avait augmenté de 5,7% l’an dernier, est resté stable en 2013. Sur les lignes TGV, le trafic est en recul. La mauvaise météo est mise en cause, mais aussi les catastrophes ferroviaires en France et en Espagne: « ce sont quelques millions d’euros sans doute qu’on a perdu parce que nos clients se sont posé des questions », a expliqué Barbara Dalibar, directrice de la branche voyages de SNCF. A ces effets ponctuels, s’ajoute celui de la crise avec un pouvoir d’achat des ménages en baisse en 2012. Par ailleurs, le rail doit faire face à la concurrence du trafic low-cost aérien. « Le ferroviaire est une industrie à coûts fixes extrêmement élevés », souligne Sophie Boissard, directrice générale déléguée stratégie et développement SNCF. La compagnie s’inquiète également du covoiturage, qui, « par les prix et les services, vient directement nous challenger », ajoute-t-elle. Pour contrer cette concurrence, la SNCF a racheté, l’été dernier, un site internet spécialisé dans ce mode de transport. »Des nouveaux modes (de voyage) sont en train d’éclore sur lesquels nous devons être présents, le covoiturage, l’autopartage, le vélo », souligne Claude Solard, directeur général régions et Intercités. Un développement qui passera par des partenariats plutôt que par d’autres acquisitions. Dans les années à venir, la SNCF souhaite maîtriser l’ensemble des modes de transport utilisés par le voyageur entre son point de départ et son point d’arrivée, avec un billet commun. Il s’agit de « passer du gare à gare au domicile-destination », dit Barbara Dalibard. Pour vendre ces voyages « porte-à-porte », SNCF mise sur de nouvelles applications pour smartphones et une dématérialisation du titre de transport. « Il y aura forcément une accélération sur le digital », a affirmé le président de SNCF Guillaume Pepy, annonçant la « bascule numérique de l’entreprise », qui concerne aussi les salariés. Le groupe s’appuiera également sur les offres à bas coûts, Prem’s, IDTGV, Ouigo: « nous allons doubler la part des petits prix, qui va passer de 12 à 25% d’ici 2017″, a dit Guillaume Pepy. Avec le lancement début 2013 des TGV low-cost Ouigo, « nous avons gagné des parts de marché sur l’axe sud-est », a déclaré Barbara Dalibar. Selon elle, cette offre a attiré des « gens qui ne prenaient pas le train ». SNCF souhaite également gagner de l’argent à l’étranger, via ses filiales de transport et logistique Geodis et de transports urbain Keolis. L’objectif est que le chiffre d’affaires réalisé hors de France passe, d’ici 2018, de 24 à 30%. L?Île-de-France est définie comme une « priorité nationale assumée », selon le président de SNCF. Les trois-quarts des voyages se font dans cette région, qui ne représente que 10% du réseau, et dont les lignes sont vieillissantes et saturées. Le souci est de « trouver le bon point d’équilibre entre les travaux et la circulation », a assuré Guillaume Pepy. Il faudra « financer tous les investissements sans un euro de dette supplémentaire », insiste-t-il. Son leitmotiv: « produire moins cher pour vendre moins cher ». Cette politique de développement a été définie parallèlement au projet de loi sur la réforme ferroviaire, adopté mercredi par le conseil des Ministres. Il prévoit de réunir SNCF et Réseau ferré de France (RFF), qui gère l’infrastructure: « sa grande ambition est de stopper le train fou de la dette », a dit Guillaume Pepy.
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