EDF : les centrales prolongées jusqu’à 60 ans au lieu de 30
Au départ c’était prévu pour 30 ans mais on s’oriente doucement vers 60. « L’amortissement sur 50 ans en moyenne des centrales nucléaires est une demande d’EDF. L’Etat ne s’est pas prononcé sur ce sujet », a déclaré à l’AFP une porte-parole du ministère de l’Ecologie et de l’Energie, à la suite d’informations de presse faisant état d’un tel projet. Matignon a confirmé cette demande, tandis qu’EDF n’a pas fait de commentaires. Un allongement de la durée d’amortissement des 58 réacteurs hexagonaux permettrait à EDF d’améliorer ses profits et donc, par ricochet, d’augmenter les dividendes déjà importants que l’électricien verse à l’Etat, son actionnaire à 84%. L’amortissement consiste pour une entreprise à inscrire chaque année des pertes dans ses comptes correspondant à l’usure progressive de ses actifs. EDF avait déjà réalisé une opération similaire en 2003, en portant l’amortissement de ses réacteurs de 30 à 40 ans. Cette mesure associée à d’autres changements comptables avait gonflé les bénéfices du groupe de près de 700 millions d’euros cette année-là. Or, le gouvernement a dit récemment vouloir mettre à contribution financièrement le parc nucléaire national pour financer la transition énergétique, et une telle opération comptable pourrait servir cet objectif. Mais certains opposants au nucléaire, comme le sénateur écologiste Ronan Dantec, ont critiqué à l’avance tout « deal » qui verrait le gouvernement accepter de prolonger la durée de vie des centrales d’EDF au prétexte de dégager des ressources supplémentaires pour la transition énergétique. Motif de brouille Un rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en juin avait déjà évoqué l’hypothèse d’une extension de la durée d’amortissement des centrales à 50 ans, faisant bondir le député EELV Denis Baupin, qui avait dénoncé « une tentative de passage en force d’EDF ». Outre créer un nouveau motif de brouille avec les écologistes, une telle manoeuvre pourrait aussi paraître contradictoire avec la volonté du gouvernement de réduire la part du nucléaire dans le système électrique de 75% à 50% à l’horizon 2025. Cet objectif a été réaffirmé solennellement le 20 septembre par le président de la République, François Hollande, lors de la conférence environnementale. Se pose aussi la question de la répartition des rôles entre l’Etat et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a pour l’instant la haute main sur la durée de fonctionnement des centrales, alors que le gouvernement veut désormais reprendre la main sur l’évolution du bouquet électrique national. »Aujourd’hui, seuls l’ASN et EDF décident de la prolongation des centrales », a rappelé à ce propos le ministère de l’Ecologie et de l’Energie. Cependant, « le président de la République a souhaité que l’Etat puisse être le garant de la mise en ?uvre de la stratégie énergétique de notre pays et maîtriser la diversification de notre production d’électricité », et « le rôle de l’Etat sera précisé dans la loi de programme pour la transition énergétique », attendue l’an prochain, a-t-on souligné de même source. EDF peaufine déjà un plan d’investissement de 55 milliards d’euros d’ici 2025, visant à prolonger de 40 à 60 ans la durée de vie de ses centrales et à améliorer leur sûreté après la catastrophe de Fukushima. L’ASN ne s’est pas encore prononcée sur une telle extension, et ce n’est qu’en 2009 qu’elle avait validé le principe d’une exploitation jusqu’à 40 ans des réacteurs. Sous réserve bien sûr que chacun réponde à ses exigences de sûreté, et du résultat des visites décennales, ces contrôles approfondis au termes desquels l’ASN peut autoriser ou non un réacteur à fonctionner dix ans de plus, et éventuellement imposer des travaux de rajeunissement plus ou moins lourds.
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