Budget 2014 : il va falloir louvoyer

Budget 2014 : il va falloir louvoyer

 

Moscovici va devoir louvoyer entre pause fiscale et augmentation des prélèvements, entre  reprise et croissance molle, entre rééquilibrage des comptes et accroissement des déficits. C’est ce qui va se passer lors d’un point-presse prévu à 11h30 intitulé « Perspectives de croissance et orientations du projet de loi de finances 2014″, Bercy va lever le voile sur ces chiffres qui ont fait l’objet de multiples rumeurs et incertitudes  cet été.  Ces annonces publiques interviennent deux semaines exactement avant la présentation du projet de budget en conseil des ministres le 25 septembre.  MM. Moscovici et Cazeneuve devraient préciser les grands équilibres du projet de budget 2014. Les déclarations contradictoires se succèdent en effet depuis quelques semaines sur le montant des recettes et notamment des rentrées fiscales que le gouvernement entend engranger au titre de l’effort encore prévu l’année prochaine pour réduire le déficit public de la France.  Alors qu’ils avaient toujours avancé les chiffres de 6 milliards d’euros de recettes et 14 milliards d’économies supplémentaires dans la dépense publique, MM. Cazeneuve et Moscovici ont tous deux assuré ces derniers jours que « ce serait beaucoup moins que six milliards », sans pour autant remettre en cause la hauteur de l’effort total (20 milliards d’euros).  Techniquement, Bercy doit transmettre ses prévisions de croissance et de déficit au Haut conseil des finances publiques avant vendredi. Celui-ci doit ensuite remettre un avis consultatif sur la crédibilité et la pertinence de ces prévisions.  En avril lors de la présentation par le gouvernement du programme de stabilité, l’instance ne s’était pas privée d’émettre des réserves sur l’optimisme du gouvernement.  Dans ce programme présenté à Bruxelles, Bercy avait annoncé une très légère croissance du produit intérieur brut de 0,1% en 2013 et une amélioration de 1,2% en 2014. Il avait par ailleurs annoncé un déficit public à 3,7% du PIB fin 2013, et à 2,9% en 2014.  Mais cet été, les choses se sont brouillées.  Le 31 juillet, M. Moscovici a en effet reconnu que l’objectif du gouvernement était d’atteindre une croissance de 0,8% en 2014, « puis ensuite repasser nettement au-dessus de 1%, 1,5% pourquoi pas 2% en 2015 et 2016″.  Un mois plus tard, le président de la République François Hollande a assuré que « nous pourrons revoir légèrement à la hausse la prévision de croissance pour 2014″.  Alors qu’économistes et observateurs se perdaient en conjectures sur le chiffre que le président entendait réévaluer, 0,8% ou 1,2%, Bercy laissait entendre quelques jours plus tard qu’il s’agissait en fait de revoir à la hausse la prévision de 0,6% établie par le consensus des économistes.  Tout porte donc à croire que la nouvelle prévision proposée par le gouvernement tournera autour de 0,8% mais guère plus dans l’immédiat malgré les signaux de reprise qui semblent apparaître.  Quant à 2013, la bonne nouvelle d’un rebond de l’activité de 0,5% au deuxième trimestre, annoncée le 14 août par l’Insee, a donné des ailes à la majorité. « La croissance de 0,1% est un minimum, la France à qui on promettait la récession est en train de rebondir », a ainsi affirmé M. Moscovici mardi, laissant entendre que la croissance pourrait être supérieure en 2013.  Côté déficit en revanche, les nouvelles ne sont pas bonnes. M. Moscovici a confirmé mardi qu’il allait déraper au delà de 3,7% du PIB cette année. Il n’a pas précisé de combien mais toute fin juin, la Cour des comptes avait estimé qu’il pourrait se situer entre 3,8 et 4,1%.  Enlisée dans une croissance zéro, la France a obtenu de Bruxelles deux ans de délai jusqu’à fin 2015 pour ramener son déficit sous la barre des 3%. Mais si elle estimait que l’effort n’est pas suffisant en 2014, la Commission européenne serait en droit de prendre des sanctions.   »La France doit être à 3,6% de déficit maximum pour 2014. Si jamais on estime que le budget ne respecte pas cette cible et qu’on écrit à Paris, cela risque de mal se passer », assurait fin août une source communautaire, estimant qu’en France, le droit d’ingérence de la Commission dans les budgets nationaux n’était pas encore intégré.

 

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