Syrie : Obama et surtout Hollande piégés par Poutine
Finalement c’est surtout Hollande le va-t-en-guerre qui est surtout piégé car la proposition russe pourrait arranger Obama de moins en moins certain d’un vote favorable du Congrès. Le silence de Hollande après la proposition russe témoigne de la position très aventureuse de la France non seulement isolée mais discréditée. On pourra objecter que le désarmement chimique sera compliqué et long, qu’il ne changera pas la donne politique en Syrie, sans doute mais des frappes ciblées non plus ! Et si la Russie, toujours fermement opposée à toute intervention militaire en Syrie, avait formulé une proposition qui permette de sortir de l’impasse diplomatique? Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a reçu lundi son homologue syrien Walid Mouallem. Après leur tête-à-tête, le Russe a proposé à Damas de placer son arsenal chimique sous contrôle international pour éviter des frappes occidentales. La Syrie a immédiatement « accueilli favorablement » cette proposition par la voix de Walid Mouallem, sans être plus spécifique. Cette initiative surprise de Moscou a été vite récupérée. A l’ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon a salué la proposition russe et estimé que la Syrie doit « l’accepter ». Il envisage de proposer au Conseil de sécurité la création de zones supervisées par l’ONU en Syrie pour y détruire les armes chimiques si les enquêteurs onusiens confirment l’utilisation d’armes prohibées dans le conflit. A Londres, même engouement. Le Premier ministre britannique David Cameron a estimé qu’une mise sous supervision internationale par Damas de ses armes chimiques serait « un grand pas en avant » et que la proposition russe est « particulièrement bienvenue » s’il ne s’agit pas d’une « manoeuvre de diversion ». Car tout le monde n’est pas encore convaincu qu’Assad passe aux actes, même si la reconnaissance par Moscou des armes chimiques est un grand pas. Ainsi, plus tôt dans la journée, le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait proposé la même solution au sortir d’une réunion à Londres. Il estimait néanmoins que le président syrien Bachar El-Assad « n’est pas prêt de le faire, et il ne le peut pas ». Le chef de l’Armée syrienne libre, Sélim Idriss, a accusé le régime de Bachar al-Assad et son allié russe de mentir. Mais Washington veut saisir la balle au bond. Les Etats-Unis accueilleraient favorablement tout plan qui verrait la Syrie abandonner ses armes chimiques, a affirmé lundi un proche conseiller du président Barack Obama, tout en faisant part, encore une fois, de son scepticisme. Tony Blinken, conseiller adjoint de sécurité nationale, a déclaré que son pays examinerait « de près » une proposition de la Russie à cet effet, estimant que c’était la menace de frappes américaines contre le régime du président Bachar al-Assad qui avait abouti à ce développement. »Je pense qu’il va nous falloir rester en contact avec eux (les Russes) et d’autres pays pour évaluer le sérieux de cette proposition », a ajouté Ben Rhodes, conseiller adjoint de sécurité nationale du président Barack Obama. »En même temps, ce sera très important de ne pas relâcher la pression » sur le régime syrien, a prévenu cet autre conseiller, en soulignant que Washington ne prendrait en considération l’initiative russe « que s’il s’agit d’une proposition digne de foi ». Un premier vote au Sénat américain aura lieu mercredi sur le projet de résolution autorisant le président Barack Obama à intervenir militairement en Syrie, a annoncé le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, lundi. Ce vote de procédure, qui donnera un aperçu du soutien dont bénéficie l’intervention dans la chambre haute du Congrès, est l’étape préalable et indispensable à la poursuite des débats, au dépôt d’amendements et à l’éventuelle adoption finale de la résolution, qui pourrait avoir lieu d’ici la fin de la semaine au Sénat.
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