Délinquance: sous estimation
Se fondant sur un rapport de l’administration « les Echos » observe que la « politique du chiffre » menée en matière de sécurité s’est traduite par des dérives dans le contrôle de l’enregistrement des plaintes observées « depuis 2006 ou 2007 ». « Le management par objectifs de la délinquance, connu sous la dénomination de « politique du chiffre », a largement contribué à cette absence ou ce désengagement du contrôle de l’enregistrement » des plaintes par la hiérarchie, affirme l’Inspection générale de l’administration (IGA) dans un rapport commandé par Manuel Valls, publié ce vendredi. A peine arrivé place Beauvau le 17 mai 2012, le ministre de l’Intérieur avait prévenu qu’il n’y aurait pas, en matière de sécurité, de « course effrénée aux chiffres » contrairement, selon lui, à la pratique du précédent gouvernement. « Les chefs de service, placés entre l’injonction d’afficher de bons résultats et l’impératif de contrôler la bonne application du guide de méthodologie statistique, privilégiaient souvent la première option », poursuit le rapport. Il ajoute que « certaines directives de l’administration centrale ont pu contribuer à minorer fortement les statistiques de la délinquance en généralisant des pratiques d’enregistrement non conformes ». L’IGA cite notamment deux directives qui ont fait sortir « dès 2007 et les années suivantes, près de 130.000 faits » par an de « l’Etat 4001 » des forces de l’ordre – l’outil statistique classifiant les infractions en zones police et gendarmerie en fonction des plaintes. Le rapport confirme par ailleurs « une rupture statistique » consécutive au déploiement, dans la gendarmerie, du logiciel Pulsar en janvier 2012. Ce qui a eu un impact sur les chiffres entre 2011 et 2012, à hauteur de 35.000 à 50.000 faits annuels, soit 3,5 à 5% de la hausse de la délinquance constatée en zone gendarmerie. L’explosion des chiffres de la gendarmerie connue depuis fin 2012 a alimenté les critiques de l’opposition qui dénonce un « laxisme » du gouvernement. Ce rapport intervient après qu’ en avril une mission parlementaire (PS et UMP) a mis en cause l’outil de mesure de la délinquance , rejoignant ainsi la volonté de Manuel Valls de réformer en profondeur cet appareil statistique contesté. Parmi ses dix recommandations, l’IGA préconise notamment d’instaurer un contrôle de l’enregistrement des plaintes. La mission de l’IGA, menée en collaboration avec l’inspection générale de l’Insee, plaide aussi pour la création d’un Service statistique ministériel qui incorporerait des statisticiens à l’Intérieur, tout en renforçant la place de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales qui publie également des chiffres à partir de plusieurs sources, notamment judiciaires.
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