Aide au développement : recentrage sur l’Afrique
Les nouvelles priorités ont été définies lors d’un comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid), instance créée en 1998 par Lionel Jospin qui se réunissait pour la première fois depuis quatre ans. Elles feront l’objet d’un projet de loi d’orientation et de programmation de la politique du développement qui sera adopté par le Conseil des ministres avant la fin de l’année et examiné au Parlement début 2014. « Nous changeons d’ère », a estimé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à l’issue de la réunion qui s’est tenue à Matignon et à laquelle ont participé une quinzaine de ministres. « Il y a désormais avec Pascal Canfin un ministre du Développement, et non plus de la Coopération qui renvoie à d’autres conceptions plus anciennes, je pense à la conception tant controversée de la France Afrique », a-t-il ajouté. « Nous sommes engagés dans une maîtrise de nos comptes publics, pour autant la France maintient son effort en matière de développement puisque nous allons consacrer en 2013 3,1 milliards d’euros d’aides directes », a-t-il poursuivi. Au total, en tenant compte de l’ensemble des actions menées (annulations de dette, secteur humanitaire, accueil des étudiants étrangers…), la France consacrera 9,3 milliards d’euros, soit 0,46 % de son revenu national brut (RNB), à l’aide publique au développement (APD). La zone de solidarité prioritaire (ZSP), qui définissait jusqu’à présent la répartition de l’aide française, a perdu de sa « cohérence et de sa pertinence » et va être supprimée au profit d’une aide différenciée qui prendra en compte les besoins et les profils des pays. À partir de l’an prochain, la moitié des subventions de l’Etat iront aux pays les plus pauvres, tous situés en Afrique, dont une nouvelle liste a été définie mercredi par le Cicid. Cette liste, qui compte 16 pays, comprend notamment le Burundi, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal ou encore le Tchad. Au total, 85% de l’effort financier de l’Etat sera consacré aux pays de l’Afrique subsaharienne et aux pays du sud et de l’est de la Méditerranée. L’aide sera également consacrée aux pays « en sortie de crise », comme Haïti, l’Afghanistan, le Yémen et la Palestine. Dans le reste du monde, en Asie, Amérique Latine et dans les Caraïbes, la France sera également présente, a indiqué Jean-Marc Ayrault, mais recentrera ses aides aux politiques de croissance verte et solidaire. Les grands pays émergents ne devraient plus bénéficier d’aide financière directe, et l’assistance se fera désormais via des prêts non bonifiés et non plus des dons. Pour financer cette politique, le gouvernement mise sur une hausse de la taxe sur les billets d’avion, dite « taxe Chirac » qui sera revalorisée de 12,7% l’an prochain. Des outils de contrôle et d’évaluation vont être par ailleurs mis en place afin de garantir la transparence de l’efficacité de l’aide qui a été « longtemps un sujet de controverse », selon le Premier ministre. Il a expliqué que pour l’aide à la reconstruction du Mali, par exemple, les aides seront mises en ligne sur internet avec leur objet et leurs destinataires. « Chacun pourra ainsi vérifier grâce à ces indicateurs si on a amélioré la situation au niveau scolaire, en matière agricole ou de santé », a conclu Jean-Marc Ayrault.
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