DSK : « la gestion de la crise en Europe est une catastrophe »
Plus de deux ans après l’affaire du Sofitel de New York, l’ancien patron du FMI livre, dans une interview à CNN, son point de vue sur la situation économique. Dans cet entretien en anglais avec le journaliste Richard Quest, DSK se penche notamment en profondeur sur le patient « Europe ». Et montre au passage des velléités quant au rôle qu’il pourrait jouer sur le Vieux Continent. Morceaux choisis. « Les Européens ne parviennent pas à faire ce qu’ils devraient faire : restructurer. (…) Je ne suis pas si loin de penser que l’Europe rate sa gestion de la crise. Franchement, tout le monde sait qu’en l’entreprise, lorsque vous avez une perte, vous devez l’assumer, puis repartir de l’avant. Or, depuis le début de la crise, ce que les Européens ont essayé de faire c’est juste de gagner du temps, pour des raisons politiques, de repousser les pertes (…). Ils sont incapables d’avoir un plan pour l’avenir. Ils essaient juste d’acheter six mois, puis six autres mois, et c’est une catastrophe au bout du compte, car aujourd’hui le coût est beaucoup plus élevé. ». « Le principal problème est que l’Europe n’est plus concurrentielle. (…) Les dirigeants ne sont pas à la hauteur. La plupart d’entre eux ne comprennent pas vraiment ce qu’est la mondialisation. Ils ont été éduqués, formés, ils ont eu une vie politique dans un seul pays, et ils ne se rendent pas compte que l’Europe n’est pas très grande, qu’une petite partie du monde. (…) Il y a une crise de leadership en Europe. Vous savez, il y a un dicton arabe qui dit qu’une armée de lions menée par des moutons sera toujours vaincue par une armée de moutons menée par un lion. Nous en sommes là en Europe (…). Le système européen est construit de manière à ce qu’aucune décision difficile ne puisse être prise. » « Au FMI, nous avons sous-estimé un paramètre : l’effet de l’austérité sur la croissance. Le résultat est que ce qui a été demandé à la Grèce sur les efforts budgétaires a eu plus d’effet négatif sur la croissance que nous l’attendions. (…) Dans le même esprit, Chypre est une autre catastrophe. Comment pouvez-vous espérer que l’économie chypriote redémarre alors que vous paralysez toutes les entreprises en bloquant l’argent ? » « Je pense que la situation est très difficile et je pense qu’il fait de son mieux (…). Maintenant, et je ne veux pas être prétentieux en l’affirmant, il faut que les leaders européens comprennent qu’ils ne peuvent pas résoudre leurs problèmes en restant isolés. C’est vrai pour Merkel, c’est vrai pour Hollande, c’est vrai pour les Italiens, c’est vrai pour Cameron, c’est vrai pour chacun d’entre eux, l’approche de Michel Barnier est inefficace (…). Or le système bancaire en Europe est malade, très malade même. Beaucoup plus que les gens ne le pensent. Le système doit être profondément nettoyé pour que la croissance puisse revenir. Et la plupart des dirigeants sont incapables de prendre cette décision. ».
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