Sommet européen: Hollande se couche devant Barroso
Volonté d’apaisement devant Barroso ou tout simplement soumission ? La vérité c’est que la France ne peut pas se payer cette polémique depuis qu’on a appris il y a deux jours que le déficit dérapait (4% au lieu de 3% du PIB). Or la France s’était engagée à rétablir ses comptes (avec un délai supplémentaire de deux ans). Hollande n’est pas en position de force puisqu’en fait il soutient le pacte budgétaire européen. Hollande a aussi obtenu un mini plan pour le chômage des jeunes (en fait une meurette comme son fameux plan de croissance). Le président français François Hollande a affiché jeudi lors d’un sommet européen à Bruxelles sa volonté d’enterrer la hache de guerre avec la Commission européenne et son président José Manuel Barroso, mais les violentes passes d’armes de ces dernières semaines pourraient laisser des traces. La veille encore, la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, prenait le parti du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui avait accusé José Manuel Barroso d’être « le carburant du Front national », le parti d’extrême droite français qui multiplie les succès électoraux. Le gouvernement partage « sur le fond » ces propos, avait-elle assuré. Jeudi, l’entourage du président français a fait savoir qu’il était animé d’une volonté d’ »apaisement », ce qu’il a confirmé dès son arrivée à Bruxelles. « Les questions de personnes sont secondaires », a assuré M. Hollande, « c’est sur les politiques européennes que nous nous déterminons ». La tension était fortement montée ces derniers jours, notamment sur la question de l’exclusion de l’audiovisuel des négociations commerciales avec les Etats-Unis imposée par la France. M. Barroso avait ensuite qualifié de « réactionnaires » ceux qui refusent la mondialisation. »Je ne veux pas croire que le président de la Commission européenne ait pu tenir des propos sur la France qui seraient ainsi formulés », avait répliqué François Hollande, qui s’en était expliqué avec l’intéressé en marge du G8. Jeudi, José Manuel Barroso a jugé « ce conflit complètement artificiel », assurant que ses déclarations avaient été « délibérément déformées ». Mais cette polémique est intervenue sur fond d’irritation entre Paris et Bruxelles, sur la réduction des déficits ou les réformes structurelles à mener. La France s’est élevée contre les prescriptions de Bruxelles en matière de retraites, M. Hollande répliquant que la Commission n’avait « pas à dicter » à la France ce qu’elle avait « à faire ». L’exécutif européen a été prié de biffer la demande de relèvement de l’âge légal de départ à la retraite -un tabou à gauche que François Hollande n’entend pas briser- et de mentionner explicitement le rôle des partenaires sociaux dans l’élaboration de la réforme des retraites. Le chef de l’Etat français s’est félicité à l’issue de la première journée du sommet que celui-ci ait posé deux « principes » que « la France souhaitait voir adoptés »: qu’ »une fois définis les objectifs », les « moyens pour les atteindre devaient être laissés aux Etats » et que « les réformes devaient se faire dans le dialogue social ». Selon une source française, la Commission mentionne « un âge effectif de cessation d’activité » plutôt qu’un âge légal, formulation moins « prescriptive » qui laisserait « plus de marge de man?uvre à la France ». Désireux de tourner la page, François Hollande a « salué » le travail de la Commission et de son président pour trouver un accord avec le Parlement européen sur le budget 2014-2020 de l’Union européenne, juste avant l’ouverture du sommet. »L’Europe doit montrer ce qu’elle peut faire, mais je ne dirais pas que l’Europe peut tout », a-t-il noté, reconnaissant que ce serait « trop simple » pour la France de « s’exonérer » de ses propres responsabilités et même « coupable par rapport à l’enjeu de lutte contre le populisme ou l’extrémisme ». Une réponse implicite au malaise ressenti à Bruxelles où les attaques de l’exécutif français, relayées par nombre de responsables socialistes, ont été très mal vécues. Jugées à la fois injustes et disproportionnées, les milieux européens estimaient qu’elles pouvaient alimenter la vague populiste en France, à un an d’élections européennes susceptibles de voir le Front national marquer encore des points. »Lorsque le Front national s’est retrouvé au deuxième tour de la présidentielle française en 2002, était-ce la faute de la Commission que je ne présidais pas encore? », a lancé jeudi le président de la Commission, appelant les « forces politiques françaises, notamment le PS et l’UMP », à avoir « le courage de défendre l’Europe et à ne pas utiliser la Commission européenne comme un bouc émissaire ».
0 Réponses à “Sommet européen: Hollande se couche devant Barroso”