Chômage : pause temporaire
Seulement 100 demandeurs d’emploi sans activité de plus en métropole, soit néanmoins un nombre toujours record de 3,26 millions. « Ce résultat, qui n’est pas encore le retournement attendu, est un encouragement à poursuivre les efforts en vue de l’inversion durable de la courbe du chômage », a commenté le ministère dans un communiqué, alors que l’Insee prévoit une croissance atone en 2013. En décembre, le nombre de demandeurs d’emploi n’avait déjà augmenté que de quelques milliers, avant de repartir de plus belle, et les prévisions restent sombres: l’Insee n’entrevoit pas l’inversion de la courbe du chômage promise par le président pour la fin de l’année. Le taux de chômage va continuer d’augmenter, à 10,7% en métropole au dernier trimestre, proche du record enregistré en 1994 et 1997 (10,8%), selon l’Insee. La montée en charge importante des emplois aidés, subventionnés par l’État, ne suffira pas à compenser les destructions d’emplois dans le privé, calcule l’organisme. L’ »accalmie » de mai, après deux mois d’augmentations fortes (supérieures à 36.000), est néanmoins soulignée par le ministère. Le nombre d’inscrits à Pôle emploi en catégorie A (ceux n’ayant pas travaillé au cours du mois) est resté stable sur un mois: +100 personnes en métropole, +1.500 avec les départements d’Outre-mer. Sur un an, la hausse est de 11,5% et, depuis l’élection de François Hollande, Pôle emploi recense 336.900 inscrits supplémentaires en catégorie A, désormais à un nouveau pic de 3.264.500 inscrits en métropole. Avec les chômeurs des catégories B et C (ayant eu une activité réduite), dont le nombre a légèrement diminué (-3.600 personnes en métropole sur un mois, soit -0,1%), Pôle emploi recensait le mois dernier sur ses listes 4,795 millions d’inscrits, plus de 5 millions avec l’Outre-mer. Parmi eux, plus de deux millions étaient au chômage depuis plus d’un an. Cette stabilisation, observée pour les jeunes mais pas pour les seniors, est « cohérente avec certains signaux favorables observés ces dernières semaines », estime le ministère en citant la « bonne tenue de l’intérim depuis octobre », le « rebond de la production industrielle en avril » et « légère reprise des embauches en mai ». François Hollande avait insisté la semaine dernière à la conférence sociale sur ces « signes encourageants » rendant possible, selon lui, d’ »inverser » la courbe en fin d’année. A l’issue de cette conférence, les syndicats n’avaient pas caché leur profonde déception. Face au chômage, en hausse quasi continue depuis cinq ans, ils avaient regretté l’absence d’ »élan ». « Hormis de minces concessions sur la formation de 30.000 chômeurs, le gouvernement n’a pas annoncé de mesures pour l’emploi », a encore regretté mercredi la CGT. La « Grande conférence pour l’emploi » a surtout été pour le président et le Premier ministre l’occasion d’exhorter les différents acteurs (entreprises, collectivités, associations) à utiliser davantage les deux principaux dispositifs de lutte contre le chômage: les emplois d’avenir (près de 33.000 signés à fin juin) et les contrats de génération, qui peinent à démarrer. Pour financer ces mesures et les 440.000 autres emplois aidés reconduits en 2013 dans les secteurs non-marchands, le budget de l’emploi sera l’un des rares épargnés en 2014 par la baisse des dépenses de l’Etat. Le président de l’UMP Jean-François Copé accuse le gouvernement de vouloir, avec ces emplois aidés, faire baisser « de manière artificielle » les statistiques (leurs bénéficiaires sortant de la liste principale des demandeurs d’emploi). Ces emplois sont de « vrais jobs » pour « répondre à des situations qui sont dramatiques », il n’y a « pas de trucage », « pas de plan caché », répond le ministre du Travail, Michel Sapin. Les 30.000 chômeurs que le gouvernement veut envoyer en formation sont aussi autant de personnes qui sortiront des catégories de chômeurs les plus regardées. « Peut-être qu’à la fin de l’année ça va marcher statistiquement, mais on ne peut pas infléchir durablement la courbe du chômage avec des contrats aidés », a prévenu Jean-Claude Mailly (FO). Pour y parvenir durablement, 1,5% de croissance annuelle serait nécessaire, répètent les économistes.
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