Accord PAC : réactions diversifiées

Accord PAC : réactions diversifiées

 

La Politique agricole commune de l’Europe pour la période 2014-2020 a été adoptée au terme d’un nouveau marathon de trois jours. FNSEA, syndicat majoritaire du monde agricole français, salue « un signal politique favorable » après la validation de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) mercredi à Bruxelles, qui déçoit cependant les syndicats concurrents pour qui la prochaine PAC est « une mauvaise nouvelle ».  «Je me réjouis de cet accord qui donne une nouvelle orientation à la Politique agricole commune en prenant mieux en compte les attentes de la société qui se sont exprimées pendant le débat public du printemps 2010. cet accord va conduire à des changements profonds: rendre les paiements directs plus justes et plus verts, renforcer la position des agriculteurs au sein de la chaîne alimentaire et rendre la Pac plus efficace et plus transparente», souligne Dacian Ciolos, le commissaire à l’agriculture. Ce dernier met notamment en vant le fait que désormais les aides Pac seront réservées aux agriculteurs actifs. De plus un supplément d’aide de 25% sera accordé pendant les cinq premières années aux jeunes agriculteurs. 30% des paiements directs seront liés au respect de trois pratiques: diversification des cultures, maintien des prairies permanentes et préservation de 5% puis 7% de zones d’intérêt écologique à partir de 2018 ou de mesures jugées au moins équivalentes en termes de bénéfices pour l’environnement. « Pour la première fois, les décisions concernant la PAC font l’objet d’une codécision entre le Conseil des ministres et le Parlement » européens, indique la FNSEA dans un communiqué, en se félicitant de « la sagesse et de l’écoute » des parlementaires.  « Les outils mis à disposition des États membres pour la PAC 2014-2020 sont multiples » estime la fédération qui relève «une convergence raisonnable des soutiens », un «verdissement proportionnel pragmatique» et «des possibilités de recouplage significatives»…  Manque d’ambition, égoïsme d’État, «mauvaise nouvelle» estiment en revanche les syndicats concurrents, qui regrettent entre autres une «renationalisation» de l’ambition commune au gré des États-membres.  «C’est au niveau national que tout va se jouer, sur la base des mesures facultatives qui ont été décidées» déplore ainsi la Confédération paysanne. Même si elle prend «acte de la possibilité d’un couplage jusqu’à 15%» des aides – qui devrait favoriser l’élevage en France – «et de la majoration sur les premiers hectares» qui encourage les petites exploitations.  Pour son ancien leader, le député européen José Bové, vice-président de la Commission Agriculture du Parlement européen, ce projet « entérine la politique du chacun pour soi » et donne raison au « lobby de l’agro-industrie ».  «C’est un triste jour pour l’Europe» écrit-il dans un communiqué. José Bové déplore la disparition d’une rotation obligatoire des cultures (dont des légumineuses pour les animaux) qui aurait permis de réduire «notre dépendance» et les importations de soja sud-américain et «d’améliorer la qualité des sols».  «C’était la mesure centrale pour commencer à sortir du modèle agro-industriel. Le lobby de l’agro-industrie a remporté la partie en permettant de continuer la monoculture sur 80% de la surface des exploitations » dénonce-t-il.  José Bové regrette aussi l’abandon du plafonnement des aides «fixé par le Parlement européen à un niveau déjà faramineux et scandaleux de 300.000 euros» – auquel la FNSEA s’était opposée.  «Les grands céréaliers se frottent les mains. Le pactole qu’ils touchent chaque année est ainsi préservé», juge-t-il.  Pourtant, paradoxe, la future PAC déçoit tout autant les adversaires de José Bové: les producteurs de grandes cultures (céréales, oléagineux et protéagineux) la jugent «sans ambition dans ses objectifs et dangereuse pour les grandes cultures dans ses modalités».  Leur association, Orama, dénonce elle aussi la «renationalisation massive» des aides et des dispositifs qui font peser selon eux de «lourdes menaces de distorsions de concurrence au détriment des producteurs de grains français». Ils dénoncent «l’absence de mesures de marché pour amortir l’impact de l’instabilité croissante des cours des grains.»

 

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