Guéant : un appartement de 700 000 euros payé comptant ! ( Paris Match) ; avec la vente de tableaux ,
C’est un des quartiers préférés des milliardaires russes et des émirs du Moyen-Orient. Rue Weber, à Paris, à deux pas de l’avenue Foch, un immeuble bourgeois de belle facture. Le 20 mars 2008, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée depuis presque un an, et sa femme Rose- Marie y achètent comptant un appartement. Selon l’acte de vente que Paris Match a consulté, les Guéant ont déboursé 717 500 euros pour ce quatre-pièces de 90 mètres carrés. Une excellente affaire. A l’époque, dans ce quartier, les prix tournent autour de 10 000 euros le mètre carré, voire davantage. Qu’un préfet en fin de carrière parvienne à s’offrir ce type de bien immobilier n’a rien, en soi, de surprenant. Mais les récentes affaires qui concernent Claude Guéant pourraient donner une autre lumière à cet investissement. D’où vient l’argent qui lui permet de s’installer enfin dans ses meubles, après trente ans à sillonner la France dans des logements de fonction ? Joint par Match, Claude Guéant n’a pas souhaité faire de commentaires. En cette année 2008, assombrie, en octobre, par le décès de son épouse, victime d’un cancer fulgurant, le grand commis de l’Etat aux allures de chanoine est au sommet de sa carrière. Surnommé « le vice-président » ou « le cardinal », il est le bras droit de Nicolas Sarkozy, dont il a accompagné, depuis 2002, chaque étape de la conquête du pouvoir. Admiré, craint et respecté, certains murmurent qu’il est l’homme le plus puissant de France. Il y a bien quelques conseillers du président pour reprocher au secrétaire général sa volonté de tout contrôler, de tout centraliser. Mais toujours de manière anonyme. « A l’Elysée, tout passe par Guéant » est une des phrases qu’on entend alors le plus dans les dîners en ville. Tous s’inclinent néanmoins devant les qualités de ce bourreau de travail qui, arrivé chaque matin à 7 h 30, jamais reparti avant 22 heures, met en oeuvre les mille volontés du président. Costume sombre et allure passe muraille, toujours d’une extrême courtoisie, ce pur produit de la méritocratie à la française, issu d’une famille modeste du Nord, est l’exact contraire de Nicolas Sarkozy, l’ancien maire de Neuilly. « Les deux hommes formaient un tandem idéal, se souvient un ancien conseiller. Une fois que le président avait décidé quelque chose, c’était Guéant qu’il chargeait du suivi. Ensuite, Nicolas ne s’occupait plus de rien. Sur un plan technique, Claude Guéant a été un grand secrétaire général de l’Elysée, peutêtre le meilleur de la Ve République. » Un an après la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, cette image de haut fonctionnaire modèle est en train de voler en éclats. De l’affaire Tapie aux soupçons de financement de Kadhafi lors de la campagne présidentielle de 2007, sans oublier les primes en espèces non déclarées de 10 000 euros par mois dont il a bénéficié au ministère de l’Intérieur, Claude Guéant est cerné par de multiples enquêtes judiciaires. Dans le dossier le plus sensible, celui de l’arbitrage grâce auquel Bernard Tapie, le 7 juillet 2008, a récupéré 403 millions d’euros de fonds publics pour solder son litige avec le Crédit lyonnais, l’ancien secrétaire général de l’Elysée risque une mise en examen pour « escroquerie en bande organisée », soupçonné d’avoir organisé un simulacre d’arbitrage au profit de Tapie et au détriment de l’Etat. Ainsi, derrière le profil du préfet austère et compétent se dessinerait un personnage plus complexe, qui serait sensible à l’argent, aux arrangements en coulisses, et qui s’était entiché de personnages troubles. « Comme d’autres avant lui, une fois arrivé à l’Elysée, il a découvert la face noire du pouvoir, la puissance que donnent les moyens de l’Etat, les voyages en jet privé, les services secrets… C’est un joujou auquel certains ont du mal à résister », raconte un proche…
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