Retraites fonctionnaires : la désindexation pour longtemps
D’après le Conseil d’orientation des retraites, un ancien fonctionnaire d’État touche en moyenne une pension un tiers supérieure à celle d’un ex-salarié du privé, soit 1932 euros en moyenne par mois pour le premier, contre 1281 euros pour le second. Les syndicats de fonctionnaires expliquent cet écart par les périodes de chômage qui amputent les pensions futures dans le privé et par une plus grande part de cadres dans la fonction publique d’État. Ce dernier argument ne tient plus lorsqu’on compare les pensions de tous les fonctionnaires d’État avec celles des seuls cadres du privé. Si l’écart diminue, il reste supérieur de 14 %. Un fossé qui devrait grimper à 19 % à horizon 2060. Reste l’exception des «régimes spéciaux» (RATP, SNCF, EDF…). Aujourd’hui, les cheminots à la retraite profitent d’une pension moyenne de 1897 euros, soit 13 % de plus qu’un ancien cadre du privé. Mais cet écart se transformera en gouffre dans les prochaines décennies: la pension de la SNCF devrait doubler d’ici à 2060, à 3633 euros. Une conséquence de la réforme des régimes spéciaux de 2007 qui fut obtenue en échange d’une hausse des salaires de fin de carrière… pris en compte dans le calcul des pensions. «Il faut effectuer un rattrapage, en désindexant les pensions des fonctionnaires et des régimes spéciaux jusqu’à ce que les niveaux soient les mêmes que dans le privé», plaidait donc vendredi dans Le Figaro l’ex-ministre Éric Woerth, qui pilota la réforme de 2010. Sans rééquilibrage, l’écart public-privé devrait en effet se détériorer au-delà même de ce que le COR envisage. Ses prévisions ne prennent en effet pas en compte la désindexation des retraites complémentaires dans le privé arrêtée en mars. Une perte de pouvoir d’achat évaluée à 2 milliards d’euros d’ici à 2016.
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