Ayrault : Conférence sociale ou conférence sur l’austérité
Une conférence sociale transformée en conférence sur l’emploi mais qui ne change pas l’objectif : faire avaler l’austérité. Destinés à fixer la feuille de route du gouvernement pour l’an II du quinquennat, les deux jours de débats, ouverts par le président François Hollande au Palais d’Iéna, s’organiseront autour de six tables rondes: emploi et formation professionnelle, filières d’avenir, « conditions de vie au travail », une « table ronde importante sur l’avenir des retraites », une sur la « place des services publics » et un atelier « à dimension européenne, pour la première fois », a annoncé le Premier ministre à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux à Matignon. Le premier rendez-vous en 2012 avait été baptisé « grande conférence sociale ». Celui de 2013 sera dénommé « grande conférence sociale pour l’emploi », a-t-il précisé. Après avoir été reçus séparément à Matignon il y a une semaine, les organisations patronales (Medef, CGPME et UPA) et syndicales représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) ont été réunies autour de la table pendant près de deux heures, en présence d’une demi-douzaine de ministres. A la sortie, le Medef et la CFDT ont salué, avec les même mots que le chef du gouvernement, « une bonne méthode ». « Grâce au dialogue social, nous avons réussi à faire des réformes comme jamais dans notre pays », a lancé la présidente du Medef Laurence Parisot, en allusion à l’accord du 11 janvier sur l’emploi, initié lors de la première conférence sociale de juillet 2012 et devenu depuis une loi. Le numéro un de la CFDT Laurent Berger s’est aussi réjoui qu’il y ait comme « priorité l’emploi » et que les thèmes définis « répondent à l’essentiel des préoccupations des salariés », alors qu’il y a une « urgence sociale à laquelle il faut répondre et un cap à construire ». La CFE-CGC a dit elle aussi attendre « des mesures concrètes en faveur de l’emploi et du pouvoir d’achat ». Mais syndicats et patronat ont aussi formulé des réclamations. Pour la CGT et FO, la question du pouvoir d’achat manque à l’appel. Thierry Lepaon, le numéro un de la CGT, a ainsi ironisé sur la nouvelle dénomination de la conférence et l’ajout de la mention « pour l’emploi ». Jean-Claude Mailly (FO) a quant à lui prévenu: « le climat ne sera pas le même que l’année dernière ». « Il y aura des thèmes obligatoirement conflictuels », a-t-il dit, citant notamment les retraites. Dans ce contexte, Thierry Lepaon, qui tente de recoller les morceaux avec la CFDT après le clash de l’accord du 11 janvier, que son organisation a refusé de signer, a appelé à un « front uni » face au patronat et au gouvernement. »Le syndicalisme rassemblé, non. Les holdings syndicales c’est anesthésiant, et je n’aime pas l’anesthésie », lui a répondu Jean-Claude Mailly, fidèle à sa ligne. Du côté du patronat, on déplore une grande absente: la question du financement de la protection sociale. »Nous avons dit que ce point là devait être abordé, c’est essentiel. Le Premier ministre et Michel Sapin ont indiqué qu’il pourrait être intégré dans la table ronde consacrée aux retraites », a déclaré Mme Parisot, qui réclame aussi que soit abordée « la durée du travail ». A propos des retraites, dossier le plus épineux, M. Ayrault a précisé que le rapport de la commission Moreau, chargée de réfléchir à des pistes de réforme, « sera sur la table de la conférence sociale, qui marquera le début de la concertation ». Celle-ci se prolongera jusqu’à la fin de l’été, « cela signifie jusqu’au 21 septembre », a dit le chef du gouvernement. « Ensuite le gouvernement présentera son projet ». Deuxième grand dossier: la formation professionnelle, avec le lancement d’une négociation, pour « rendre plus efficace » un système qui ne permet de former qu’une minorité salariés et de chômeurs.
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