Baisse des allocations familiales
Le gouvernement a précisément retenu un système de double plafond pour moduler les allocations familiales en fonction des revenus. Les allocations commenceront à fondre à partir de 5000 ou 6000 euros puis seront divisées par quatre par rapport à l’allocation de base (128,57 euros pour deux enfants) au-delà de 7000. «Les détails ne sont pas encore arrêtés, précise-t-on dans l’entourage de la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine. Il faut encore définir l’inclinaison de la pente suivant laquelle les allocations baisseront.» En clair, le gouvernement n’a pas encore décidé à quel rythme les allocations diminueront à mesure que les revenus augmenteront. Il hésite entre une pente faible… ou raide. Seule certitude, la réforme touchera 15 % des ménages qui profitent des allocations. Les modifications en préparation ne se limiteront pas à la baisse des allocations pour les ménages «aisés». Cette mesure ne devrait en effet alimenter que la moitié des 2 milliards d’euros d’économies visés à horizon 2016. De source ministérielle, le gouvernement va également s’attaquer à la prestation d’accueil au jeune enfant (Paje), composé de plusieurs éléments: une prime à la naissance ou à l’adoption versée sous condition de ressources, une allocation de base, un complément de libre choix d’activité, un complément de libre choix du mode de garde. L’idée à l’étude est de faire converger les différents seuils de la Paje, aujourd’hui différents. Également dans le viseur, le complément familial de mode de garde lui-même «dont le plafond est aussi très bas» et qui profite essentiellement aux familles aisées. Bref, comme le formule Marisol Touraine, il s’agit de «simplifier» le système. Mais surtout de réaliser des économies. Ces mesures difficiles devraient s’accompagner toutefois d’annonces plus «positives», comme la création de places en crèches. «Les ménages ont plus besoin de services que d’allocations», estime-t-on au sein du gouvernement. «Le premier ministre s’exprimera sur l’ensemble de la politique familiale», insiste-t-on à l’Élysée. Pas sûr que cela suffise à apaiser l’opposition à la réforme, qui est large. Elle rassemble les associations familiales bien sûr, mais aussi des syndicats aussi éloignés politiquement que la CGT et FO d’un côté, et la CFTC de l’autre. «Vu le dynamisme de notre natalité, le système des allocations fonctionne, il ne faut pas le casser», proteste Joseph Thouvenel, vice-président de la centrale chrétienne. «Ce qui nous choque, c’est que l’on mette à contribution les seules familles avec enfants», en remettant en cause les allocations familiales, «alors que l’effort de redressement des comptes de la protection sociale devrait être réparti entre tous les Français», renchérit François Fondard, président de l’Union nationale des allocations familiales (Unaf). Au sein du gouvernement, on répond que cette réforme n’a rien à voir avec celle, avortée, de Lionel Jospin en 1998, qui prévoyait de supprimer les allocations à partir d’un certain seuil de revenu. Elle avait fini par être abandonnée face à la fronde des associations familiales…
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