France : recul de croissance de 0.5% en 2013 pour l’observatoire BFM Business
Comment, hors de portée une progression de 1,2% du PIB l’an prochain ? Oui, sauf choc qui infléchirait fortement la trajectoire de croissance de la France vers le haut. D’abord, si l’on scrute tous les baromètres avancés de l’activité, aucun ne dessine les contours d’une reprise à l’horizon des six prochains mois, si bien que l’année 2013 risque plutôt de s’achever sur une baisse de 0,3% à 0,5% de l’activité que sur l’augmentation 0,1% annoncée officiellement. Tirons ensuite les leçons de l’histoire : Après les deux dernières récessions de 1993 et 2009, les reprises se sont effectuées à des rythmes de 0,3% à 0,4% au cours des trois ou quatre trimestres suivant la fin de la contraction. C’est au moins à ces rythmes que devra croître le PIB pour atteindre l’objectif de croissance de 1,2% fixé par Bercy. Or de tels rythmes sont inatteignables aujourd’hui: l’environnement international, et particulièrement européen, est moins porteur qu’en 1994 et 2010. La politique budgétaire est beaucoup plus contraignante (elle était même fortement stimulante en 2010 !), le chômage est plus élevé, la situation financière des entreprises est plus dégradée et le levier du crédit ne peut plus être actionné aussi fortement comme à l’époque. Enfin, et c’est un problème qui passe trop souvent inaperçu, la crise a détruit une partie du potentiel de croissance du pays (fermetures d’usines, licenciement de travailleurs qualifiés donc pertes de savoir-faire…), qui ne se situerait plus, si l’on prend en compte l’évolution de la productivité et de la démographie, qu’à moins de 1%, contre un 1,5% au moins avant la crise. Donc si l’on tient compte, comme on l’a vu, du fait que le point de départ de l’activité pour 2014 sera plus bas que prévu, la trajectoire « naturelle » la plus optimiste pour la croissance française en 2014 se situerait plutôt autour de 0,5%. Problème : à ce rythme, la France ne tiendra jamais l’objectif de déficit public affiché par le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, soit moins de 3% du PIB. Déjà que sur la base de 1,2% de croissance, la Commission européenne prévoit presque 4% de déficit public à politique fiscale inchangée, soit presque 1 point d’écart avec Bercy, alors on peut penser qu’une croissance de 0,5% seulement du PIB amènerait automatiquement les déficits publics bien au-delà de 4% du PIB. Un niveau quoi qu’il arrive inacceptable pour Bruxelles, Berlin et les marchés financiers. Admettons que Paris fasse tout pour revenir à ne serait que 3,5% du PIB de déficit, la croissance en sera impactée en retour à hauteur de quelques dizièmes de point, si bien qu’il semble au final difficile de prévoir plus de 0% de croissance l’an prochain. Seul un choc de compétitivité et/ou de pouvoir pourrait déjouer ces pronostics et nous faire passer la barre des 1% de croissance l’an prochain. Mais d’où viendrait-il ? De la chute de l’euro ? Peu probable au moment où c’est le Japon qui décide de faire plonger son yen. D’une injection massive de liquidités? La BCE n’a pas l’audace (ou la folie !) de la Réserve fédérale américaine ni de la Banque du Japon. Une baisse massive des charges de 40 milliards au moins sur le travail en contrepartie d’une hausse de plusieurs points de TVA? La gauche, pour qui la TVA est un impôt injuste, ne s’y résoudra jamais. De nouvelles révolutions technologiques ? Celles-ci sont réelles, mais n’auront pas de véritable effet d’entraînement avant 3 à 5 ans. Reste la seule arme à disposition du gouvernement : la réforme de l’Etat pour moderniser le fonctionnement de l’administration et réduire massivement la dépense publique. Quoi ? Réduire la dépense publique encouragerait la croissance ? Impossible selon la tradition keynesienne, pour qui le lien entre déficits publics et croissance ne fait pas de doute : accroître la dépense publique ou baisser les impôts (dans les deux cas, le déficit augmente) ne peut que stimuler l’activité.
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