Portugal: austérité juridiquement sanctionnée
Le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d’austérité, inscrites au budget 2013, marqué par une hausse généralisé des impôts, a représenté un sérieux revers pour le gouvernement désormais privé de recettes allant de 900 millions à 1,3 milliard d’euros, selon les estimations. Un « trou » qui lui sera d’autant plus difficile à combler qu’il avait prévu en 2013 des économies de 5,3 milliards et s’est engagé à réduire de 4 milliards d’euros les dépenses publiques d’ici 2015. Désormais, l’objectif de ramener cette année le déficit budgétaire à 5,5% du PIB semble impossible à atteindre alors que la « troïka » (UE-FMI-BCE), représentant les créanciers, l’avait pourtant déjà allégé, accordant même au pays jusqu’à 2015 pour revenir au dessous de la limite des 3%, fixée par Bruxelles. Selon diverses hypothèses, avancées par la presse, le gouvernement pourrait maintenant demander un allégement supplémentaire des objectifs lorsque la « troïka » procédera en mai à un nouvel examen des comptes du pays, voire solliciter un second plan de sauvetage, accompagné logiquement de nouvelles mesures d’austérité. N’hésitant pas à dramatiser la situation, le gouvernement a affirmé samedi, à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire, que la Cour constitutionnelle avait « mis en cause la crédibilité conquise par les efforts des Portugais auprès de nos partenaires et créanciers internationaux ». Pour le gouvernement, la situation est d’autant plus délicate que les mesures d’austérité, mises en oeuvre en échange du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011, ont aggravé la récession et le chômage. L’économie doit cette année reculer de 2,3% et le chômage atteindre le taux record de 18,2% alors que le mécontentement social a culminé début mars quand des centaines de milliers de Portugais ont manifesté à travers le pays contre l’austérité. Critiqué par l’opposition, les syndicats et même une partie du patronat, le gouvernement est en butte à un climat politique très tendu. Principale formation de l’opposition, le Parti socialiste réclame une renégociation du plan d’aide qu’il avait pourtant lui même sollicité en avril 2011 alors qu’il était au pouvoir. Pour marquer sa rupture définitive avec la politique d’austérité, le PS a déposé mercredi sa première motion de censure contre le gouvernement qui l’a évitée grâce à la confortable majorité dont il dispose à l’Assemblée. Le gouvernement « n’a plus d’autorité, il n’a plus de crédibilité, il est épuisé, il est à bout », a martelé Antonio José Seguro, le chef du PS tout en appelant à des législatives anticipées.
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