Europe : la pédale douce sur l’austérité
Les instances européennes constatent que les objectifs de déficit ne seront pas tenus ; on va donc faire semblant de maintenir cette austérité mais en reportant les échéances d’un an, au moins !Les Européens vont-ils décider de relâcher la pression sur les pays les plus fragiles de la zone euro? Le débat entre austérité et croissance sera en tout cas pleinement à l’ordre du jour pour les ministres européens des Finances qui se réunissent ces lundi 4 et mardi 5 mars à Bruxelles.La zone euro se penche ainsi un peu plus sur l’élaboration du plan d’aide de 17 milliards d’euros à Chypre. « Nous allons probablement parvenir à un accord en mars, c’est ce que nous tentons de faire », a rappelé ce même jour, le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Le conseil Ecofin des ministres des Finances de l’Union européenne fera, quant à lui, le point ce soir et demain. Outre Nicosie, les pays du Sud vont clairement constituer les dossiers les plus lourds. Les élections législatives italiennes et la percée surprise des candidats anti-austérité, ont créé un climat propice aux négociations pour les Etats européens les plus touchés par la rigueur. Samedi 2 mars, le Portugal a été gagné par une importante vague de protestations contre l’austérité. Ces lundi et mardi, Lisbonne devrait, selon le Wall Street Journal, demander un aménagement du plan d’aide international dont le pays bénéficie depuis mai 2011. L’Irlande, autre pays sous assistance financière, devrait lui prêter main forte sur ce point. Tous deux ont ainsi en tête les mesures qui avaient été prises pour soulager le fardeau grec en novembre dernier : baisse des taux d’intérêts des prêts consentis par les Européens et rallongement de leur maturité. Par ailleurs, la question de l’arbitrage entre croissance et austérité reviendra avec insistance pour le Portugal mais aussi pour l’Espagne. Les deux pays sont, en effet, loin de leurs objectifs de déficits. Le 22 février dernier, Bruxelles a publié des prévisions qui font état de déficits publics de -4,9% pour Lisbonne et -6,7% pour Madrid. Loin, très loin des 4,5% visés par les deux pays. Un nouveau délai pourrait ainsi être accordé aux deux voisins qui avaient déjà, en 2012, obtenu une rallonge d’un an pour ramener leur déficit à 3% du PIB en 2014 et non en 2013. Ce d’autant plus que Madrid et Lisbonne connaissent une situation économique rès dégradée : Bruxelles table, pour 2013, sur une récession de -1,4% pour le premier et de -1,9% pour le second, soit les deux plus mauvaises performances au sein de l’union monétaire. Ces pays comptent désormais un allié de poids dans leur rang : la France elle-même a repoussé à 2014 son objectif de déficit, et doit attendre le verdict de Bruxelles sur la trajectoire de ses finances publiques, en avril prochain.
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