Retraites: les enjeux
L’avenir des retraites revient sur le devant de la scène à partir de mercredi 27 février : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et la ministre de la Santé et des Affaires sociales, Marisol Touraine, vont installer la commission qui doit élaborer des pistes de réformes. La dizaine d’experts qui vont la composer auront environ trois mois pour rendre leurs travaux, afin d’être prêts pour la Cconférence sociale, prévue en juillet. Le gouvernement espère mettre en application les premières mesures dès cette année. Car il y a urgence. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit pourrait dépasser 20 milliards d’euros d’ici à 2017 si aucune modification n’intervient d’ici là. Sans parler des 10 milliards nécessaires à ce même horizon aux régimes complémentaires gérés par les partenaires sociaux. Pourtant, sous l’effet des reformes de 2003 et 2010, l’âge de départ à la retraite est en train de reculer. La moyenne est désormais de 61,8 ans chez les hommes et 62,5 ans chez les femmes, selon les derniers chiffres publiés par la Caisse nationale de l’Assurance retraite (Cnav). C’est trois mois de plus qu’en 2011. Et ce chiffre est encore appelé à progresser car, selon la réforme voulue par Nicolas Sarkozy, l’âge légal de la retraite est repoussé de cinq mois par génération. Ceux qui sont née en 1955 devront ainsi attendre 62 ans pour prétendre à la retraite. Mais dans le même temps les effectifs des retraités progressent: ils sont 13,2 millions à bénéficier du régime général en 2012, soit une hausse de 1% par rapport à l’année précédente. En cause: l’augmentation du nombre de retraites anticipées ou dérogatoire, qui a plus que doublée par rapport à 2011. Ils sont en effet près de 720.000 à avoir mis en avant leur carrière longue pour partir avant l’âge légal, une clause prévue dans le décret du 2 juillet 2012 voulue par François Hollande. A cela s’ajoute plus de 17.000 personnes qui ont quitté leur emploi plus tôt en raison d’une activité reconnue comme pénible ou sont handicapées. Le régime de retraite de base souffre aussi d’une augmentation des pensions versées, en hausse de 4% par rapport à la génération précédente. Le montant moyen d’une pension sécurité sociale est de 1.040 euros pour une personne ayant eu une carrière complète (1.016 euros pour les hommes, 957 euros pour les femmes). Car les bénéficiaires, issus du baby-boom, ont connu l’âge d’or du plein emploi et ont aussi touchés des salaires plus élevés que leurs parents. Pour assurer la pérennité financière du système, plusieurs pistes sont envisageables, comme cesser de revaloriser systématiquement les pensions en fonction de l’inflation. Ou une remise en cause de certains avantages fiscaux et sociaux dont bénéficient actuellement les retraités, comme un taux de CSG à 6,6% contre 7,5% pour les actifs. Quoi qu’il en soit, ces propositions devront affronter les feux des critiques des partenaires sociaux. Et le Medef a d’ores et déjà montré son impatience. Sa présidente Laurence Parisot a haussé le ton la semaine passée, en accusant le gouvernement de fuir ses responsabilités et en le mettant en demeure de clarifier ses intentions.
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