Merkel juge « normal » un euro fort
« Des cours de l’euro compris entre 1,30 et 1,40 dollar appartiennent à la normalité dans l’histoire de l’euro », a affirmé Mme Merkel alors que des voix s’inquiètent, notamment en France, d’un niveau trop élevé de la devise européenne. »C’est pourquoi le gouvernement (allemand) s’engage pour une libre évolution des taux de change (sur les marchés) et pour que tous les acteurs soient contraints de s’en tenir à cela », a-t-elle ajouté, saluant le signal envoyé par le G20 sur le sujet. »Nous, en tout cas, sommes contre une politique active de taux de change », a encore affirmé Mme Merkel. La définition d’une marge de taux de change pour la monnaie unique européenne est inhabituelle pour un dirigeant de la zone euro. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi avait appelé lundi les dirigeants politiques à la retenue sur ce sujet. « J’invite tout le monde à adopter une stricte discipline verbale (sur les taux de change, ndlr). Moins on en parle, mieux ce sera », avait-il plaidé. La France s’est inquiétée à plusieurs reprises d’un niveau jugé trop élevé de l’euro qui risquait de nuire à ses exportations. Devant le Parlement européen, le président français François Hollande a récemment estimé que l’euro ne pouvait pas « fluctuer selon les humeurs du marché » au risque de mettre en danger les efforts de compétitivité des pays de la zone euro. Les taux de changes ne doivent pas servir à doper la compétitivité des Etats, mais la politique monétaire doit « continuer à soutenir la reprise économique », avaient déclaré samedi les pays riches et émergents du G20 dans le communiqué final de leur réunion à Moscou. Mercredi, Angela Merkel a semblé critiquer l’attitude du Japon, sans le nommer. « Nous voyons qu’il y a régulièrement peut être des tentatives de déprécier sa propre monnaie par des mesures de politique monétaire afin d’augmenter ses capacités d’exportation », a-t-elle lancé. Le Japon avait réveillé en janvier le spectre d’une nouvelle « guerre des monnaies », au grand dam de l’Allemagne qui s’était dite préoccupée par le virage pris par la Banque du Japon, sous pression du nouveau gouvernement nippon. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, nommé le 26 décembre, et son bras droit et ministre des Finances, Taro Aso, ont fait pression sur la Banque centrale (BoJ) afin qu’elle consente à prendre des mesures plus drastiques visant à mettre fin aux deux maux dont souffre l’économie nippone: une baisse continue des prix qui bride l’activité intérieure, et la cherté du yen qui pénalise les entreprises exportatrices. Ce virage économique a fait baisser le cours du yen et alimenté les craintes d’une course à la dévaluation visant à améliorer la compétitivité. Mme Merkel s’exprimait mercredi à l’occasion des 50 ans du conseil des experts économiques à qui elle a rendu hommage. Créée par une loi en 1963, cette instance rassemble cinq économistes de haut rang de sensibilité différente chargés de conseiller les décideurs politiques en matière économique. Surnommés les « cinq sages » et particulièrement écoutés en Allemagne, ils remettent en particulier chaque année à la mi-novembre à la chancelière, un rapport dans lequel ils donnent des prévisions de croissance, leur analyse de la situation économique, mais aussi des recommandations en matière de politique économique.
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