Euro fort : la France se couche devant l’Eurogroup
Pour l’euro fort, il y a le discours à usage interne et celui qu’on tient devant les instances infranationales comme celle de l’Eurogroup. Faute de soutien, Moscovici qui avait pour tant adouci son discours s’est couché. Faute d’allié déclaré, la France met une sourdine à sa volonté de piloter la trajectoire de l’euro face au dollar et au yen. Pierre Moscovici a suggéré lundi à ses partenaires de l’Eurogroup de «se coordonner» pour plus de stabilité de la monnaie commune, une semaine après que François Hollande eut affiché un objectif autrement plus ambitieux: une véritable «politique de change» destinée à fixer à moyen terme un niveau réaliste à l’euro. Le rendez-vous de l’Eurogroup était la première occasion de discuter à dix-sept d’une aspiration de l’Élysée que plusieurs capitales ont accueillie avec agacement. La Chancellerie allemande a immédiatement fait savoir que le bon remède n’est pas de faire baisser la monnaie commune, mais de renforcer la compétitivité de la France. À Bruxelles, les alliés de Berlin ont embrayé lundi. «Un affaiblissement artificiel de l’euro serait inapproprié», dit Maria Fekter, ministre autrichienne. Le cours de change «ne peut pas être décidé unilatéralement», ajoute le Luxembourgeois Luc Frieden.Pierre Moscovici a donc choisi de reformuler le projet français de manière moins rugueuse: il souhaite un lissage de la parité de l’euro sur les marchés, plutôt que la quête d’un cours de change négocié, voire prédéterminé sur plusieurs années. «À l’échelle internationale, il s’agit de plaider pour une approche coordonnée, pour plus de stabilité et afin que les cours reflètent les fondamentaux de l’économie, dit-il. Les cours de change ne peuvent pas être soumis aux humeurs ou à la spéculation .» Le nouveau président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a prudemment accepté lundi l’idée d’une discussion à dix-sept. Les textes le permettent: l’article 219.2 du traité de Lisbonne confie expressément aux États de l’euro le droit de «formuler des orientations générales de politique de change» vis-à-vis des autres monnaies. Aussi longtemps, bien sûr, que cela «n’affecte pas l’objectif principal»de la BCE: la maîtrise de l’inflation. Le président Hollande, comme son prédécesseur en 2010, tente d’ouvrir un débat contre l’«euro fort» . La monnaie commune a gagné plus de 10 % en six mois. Elle vient renchérir les exportations françaises et neutraliser les efforts pour regagner de la compétitivité ; bref, ralentir l’activité. À Bruxelles, Pierre Moscovici s’est à nouveau inquiété d’«une croissance très faible». Il souhaite une réflexion européenne sur le bon dosage «à moyen terme entre politique de réduction des déficits et politique de soutien à croissance». L’euro, laisse-t-il entendre, pourrait faire partie de la boîte à outils. Au passage, le patron de Bercy égratigne la Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon pour leurs pratiques «plus agressives»sur le marché de changes. C’est de bonne guerre à l’approche du rendez-vous à Moscou des ministres des Finances et des banquiers centraux du G20.
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