Les PME françaises invendables
Selon une étude d’Epsilon Research, un bureau d’analyse financière spécialisé dans les acquisitions de sociétés non cotées en Europe – qui a passé à la loupe toutes les opérations ayant touché ces deux dernières années les PME françaises valant entre 1 et 50 millions d’euros -, les sociétés hexagonales auraient de plus en plus de mal à trouver preneurs. «La crise non résolue de la zone euro, les perspectives de récession, un contexte réglementaire et fiscal difficile pour les fonds d’investissement et l’instabilité fiscale pour les cessions transmissions expliquent la baisse du marché des ventes», analyse Grégoire Buisson, son président. Tous les indicateurs sont passés dans le rouge. Le nombre de transactions a ainsi continué sa chute cette année. De 698 en 2010, il est en effet passé à 581 cette année, soit un recul de 16,8 % en deux ans! Pis, après deux années de hausse continue, et ce en dépit de la persistance de la crise, la valeur des entreprises de taille moyenne en vente a reculé de 18 % sur les seuls neufs premiers mois de 2012. Les perspectives, quant à elles, sont loin d’être roses à en croire une majorité de professionnels des fusions-acquisitions qui prévoit un marché encore en repli l’année prochaine. Sept sur dix estiment même que les prix vont poursuivre leur baisse. La raison? Le ralentissement économique et les difficultés des repreneurs et des investisseurs à trouver des financements essentiellement mais aussi les mesures fiscales prises par le gouvernement qui ont «un impact négatif» sur le marché. Pour eux, la politique fiscale menée depuis six mois serait même «la principale entrave à son bon fonctionnement». Et l’attitude des chefs d’entreprise leur donne raison. Les patrons de PME ont en effet anticipé dès 2011 un possible changement du régime fiscal des donations lié à la probable élection de François Hollande en mai dernier. En un an, les cessions à titre gratuit pour transmettre leur société à un enfant ou à un membre de leur famille ont littéralement chuté. Ce repli est d’autant plus inquiétant que les transmissions familiales sont déjà deux fois moins nombreuses en France qu’en Allemagne, et trois qu’en Autriche et en Italie. Bref, une mauvaise nouvelle de plus pour la croissance des PME qui n’avait vraiment pas besoin de cela. Les chefs d’entreprise français ne sont enfin pas les seuls à afficher leur défiance à l’égard de la politique du nouvel exécutif. Selon le dernier pointage, les investisseurs étrangers ne représentent plus que 24 % des acquéreurs en 2012, contre 35 % en moyenne annuelle sur la période 2002-2008. Avec, en tête, les Européens de la zone euro, et notamment les Britanniques, tandis que le nombre d’investisseurs nord-américains demeure stable. Seule note positive au final: les Asiatiques, notamment les Chinois, sont les seuls étrangers à augmenter leurs emplettes d’année en année. Ils représentent désormais 18 % des investisseurs étrangers en France, contre 7 % en 2010. Une irrésistible ascension liée au dynamisme économique de leur pays que la politique nationale