Livret A : un succès qui va figer le taux de commission des banques
Le gouvernement doit choisir abaisser le taux de commission contre moins de centralisation des livets A à la CDD. Il risque de rien décider, c’est-à-dire de maintenir le taux actuel de centralisation à la CDC, qui lui permet de faire fiancer nombre de politiques dont celles du logement et des collectivités locales. Le succès historique auprès des épargnants du relèvement depuis le 1 er octobre du plafond du Livret A et du Livret de développement durable (LDD) risque de compliquer la réforme promise à la fin de l’année par Bercy sur l’épargne réglementée pour en optimiser le dispositif. Le mois dernier, les deux produits ont collecté 21,29 milliards d’euros. Cet afflux de dépôts dépasse le dernier record de 18,9 milliards d’euros, lors de l’ouverture, en janvier 2009, de la distribution du Livret A à tous les réseaux bancaires. Ce raz-de-marée devrait se poursuivre, le gouvernement s’étant engagé à relever encore de 25 % le plafond du Livret A à la fin de l’année. Dans ce contexte, les banques s’élèvent contre toute baisse de leur commission de 0,5 % à 0,4 % en échange de la distribution des produits d’épargne réglementée. Une telle baisse permettrait de diminuer le coût des prêts aux bailleurs sociaux pour construire de nouveaux logements. Mais les banques estiment ne pas être étrangères au succès du Livret A et conditionnent la baisse de leur rémunération à la réduction du niveau de centralisation de la collecte du Livret A et du LDD à la Caisse des Dépôts, actuellement de 65 %. Un argument auquel Bercy n’est pas insensible, mais dont la Caisse des Dépôts (CDC) ne veut pas entendre parler. Selon son directeur général Jean-Pierre Jouyet, le supplément de collecte permettra au Fonds d’épargne qui gère l’épargne réglementée de remplir les multiples missions que lui confie le gouvernement. Le président de la République a notamment annoncé l’ouverture, début 2013, d’une enveloppe de 20 milliards d’euros de crédits long terme aux collectivités locales pour 2013-2017. « Il est nécessaire de réduire les taux de commissionnement et de maintenir le taux de centralisation », a conclu hier Jean-Pierre Jouyet lors de son audition à la commission des Finances du Sénat. Modifier le taux de centralisation apparaît aussi politiquement sensible, la majorité présidentielle ayant soutenu par le passé le principe d’une centralisation forte de l’épargne réglementée. « Bercy semble coincé et il ne serait pas étonnant que la réforme soit reportée », conclut un proche du dossier.
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