UMP : après les élections, un referendum truqué ?
Un accord de principe sur un referendum pour demander aux adhérents s’ils veulent revoter mais Copé veut rester à la tête de l’UMP en attendant. Autant dire que le feuilleton n’est pas terminé car rien ne dit que ce referendum ne sera pas aussi truqué. L’accord était donc encore loin d’être scellé mardi soir, au dixième jour du psychodrame qui déchire le parti, mais le principe sur lequel les deux hommes se sont accordés est le suivant: demander aux militants s’ils souhaitent voter à nouveau pour la présidence du parti. Avant ce développement, obtenu à l’issue d’une rencontre entre les deux hommes organisée à l’initiative de l’ex-chef de l’Etat, la crise venait de prendre un tour nouveau avec l’amorce d’une scission à l’ Assemblée nationalee, où les fillonistes ont lancé un nouveau groupe parlementaire, distinct de celui présidé par le copéiste Christian Jacob. Face à l’accélération des événements, Jean-François Copé a demandé à François Fillon de renoncer à cette initiative, tout en proposant ce référendum pour sortir de l’impasse. Un « deal » dont Nicolas Sarkozy serait en fait l’instigateur, selon l’entourage de François Fillon. Pour l’ancien président de la République, « tout est préférable à une scission », a appris l’AFP auprès de son entourage. François Fillon a accepté le principe du référendum, mais à la condition d’obtenir « des garanties strictes d’impartialité », parmi lesquelles la mise en place d’une « direction collégiale » à l’UMP « durant toute la durée des opérations de vote ». Or, Jean-François Copé a d’ores et déjà prévenu que si les militants appelaient à un nouveau vote pour la présidence du parti, lui-même resterait à la tête de l’UMP jusqu’au scrutin. Cette condition est inacceptable pour les fillonistes, qui ont dénoncé tout au long de la précédente campagne interne la double casquette de Jean-François Copé, à la fois candidat à la présidence et secrétaire général du parti, ce qui lui permettait d’avoir la main sur l’appareil et ses moyens. Quant à la création d’un groupe dissident à l’Assemblée, baptisé Rassemblement-UMP et composé de 68 députés fillonistes sur 194 UMP, elle a eu lieu officiellement mardi soir. Ne pas perdre la face François Fillon avait accru la pression pour faire plier son rival avec l’annonce de la création de ce groupe, une première dans l’histoire de l’UMP, qui a récemment fêté ses dix ans. Mais l’ancien Premier ministre a aussitôt promis que ce groupe retournerait au bercail si une nouvelle élection était organisée dans les trois mois. »Soit notre appel est entendu et alors nous sauverons l’UMP ensemble par la démocratie. Soit notre appel est méprisé et alors j’en tirerai toutes les conséquences politiques », a averti François Fillon, qui a réuni mardi matin ses soutiens parlementaires au Musée social de Paris. Lundi, Nicolas Sarkozy s’était déjà montré ouvert à l’idée d’un nouveau vote, lors d’un déjeuner avec François Fillon. Le même jour, la commission des recours de l’UMP, dont les fillonistes ne reconnaissent pas la légitimité, avait de nouveau proclamé Jean-François Copé président, avec 952 voix d’avance, et non plus 98 comme lors de la proclamation des premiers résultats le 19 novembre. Selon Jean-François Copé, le référendum pourrait avoir lieu en décembre ou en janvier. Jusque-là, le président, officiel, mais très contesté, de l’UMP avait fermement refusé l’idée d’un nouveau vote des 300.000 adhérents du parti, de plus en plus ardemment demandé par François Fillon. Cette solution d’un référendum préalable pourrait, du coup, permettre à chacun des deux rivaux de ne pas perdre la face. »On pourrait sortir par le haut de cette crise », a espéré mardi le député filloniste Jean Leonetti dans les couloirs de l’Assemblée. Le camp Fillon dénonce notamment le manque de neutralité des membres de la commission des recours, dont six sur neuf ont soutenu un candidat pendant la campagne (4 pro-Copé, 2 pro-Fillon). »Cette culture du pouvoir où tout est permis, où rien n’est transparent, n’est pas digne d’un grand parti moderne », a attaqué l’ancien Premier ministre, qui avait déjà parlé de « mafia » la semaine dernière. »Statutairement (…), nous n’avons absolument pas le droit de provoquer des élections comme ça, au seul motif que c’est un ultimatum qui est lancé par celui qui n’a pas été proclamé élu », lui avait répliqué Jean-François Copé.
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