EADS : accusé de pots de vin ; tu parles, « une grande découverte » !
Des pots de vin pour la vente de matériel militaire ! Une grande découverte. Aucun contrat ne pourrait se signer sans cela. On découvre la lune. Une plainte de la justice allemande ; sans doute pas un hasard au moment où Berlin faiat pression pour relocaliser des activités en Allemagne et obtenir davantage de représentants dans EADS. Au faiat, ils font comment les allemands pour décrocher des contrats sur la machine outil ? Le constructeur aéronautique fait l’objet d’une enquête des justices allemande et autrichienne sur le possible versement de 70 millions d’euros pour la vente d’avions de combats Eurofighter il y a neuf ans. L’affaire remonterait à 2003. Cette année là, l’Autriche signe un contrat militaire portant sur l’achat, pour deux milliards d’euros, de 18 Eurofighter Typhoon, fabriqués par un consortium formé par EADS, le britannique BAE Systems et l’Italien Finmeccanica. Très vite, des soupçons de corruption surgissent dans la classe politique. Sous pression, le gouvernement ramène la commande à 15 avions en 2007. Le parquet de Vienne classe même sans suite en 2011 une plainte pour corruption contre l’ex-chef de l’armée de l’air, le général Erich Wolf. Neuf ans après la signature du contrat, les soupçons de corruption demeurent. Le journal allemand Süddeutsche Zeitung affirme samedi que les justices allemande et autrichienne soupçonnent le constructeur aéronautique européen EADS d’avoir versé au moins 70 millions d’euros de pots-de-vin dans la vente de ces avions. D’après le quotidien, qui ne cite pas ses sources mais s’appuie sur des éléments de l’enquête, EADS aurait transféré cette somme sur le compte d’une société basée en Angleterre, qui aurait ensuite redistribué l’argent vers Malte, l’Île de Man, l’Autriche, le Liechtenstein et la Suisse. Mercredi dernier, des perquisitions avaient eu lieu sur plusieurs sites d’EADS en Allemagne, mais aussi en Autriche et en Suisse. Le Süddeutsche Zeitung assure que l’enquête des parquets de Munich et de Vienne se concentre sur 13 personnes, dont un ancien dirigeant haut placé au sein du groupe. Les autres suspects sont des cadres moyens d’EADS, des intermédiaires et des lobbyistes. Le quotidien affirme également que Tom Enders, le patron d’EADS, aurait envoyé cette semaine une lettre de deux pages aux dirigeants du groupe dans laquelle il répète que violer la loi n’est en aucun cas «une option» pour décrocher des contrats et qu’EADS ne fera preuve d’ «aucune tolérance envers des attitudes illégales ou immorales». Selon le Süddeutsche Zeitung, EADS s’inquiète pour les appels d’offre de l’armée américaine concernant des hélicoptères, alors que le groupe a investi des dizaines de millions de dollars pour développer un hélicoptère de combat qui pourrait répondre aux critères de l’armée américaine. Aux États-Unis, les entreprises qui ont versé des pots-de-vin sont exclues des appels d’offres publiques. À moins qu’elles ne coopèrent totalement avec la justice.
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