Compétitivité, coût du travail: annonces fortes pour de mesures molles
Le ton va monter pour annoncer des décisions fortes sur mesures molles. Coincé, le gouvernement n’a en fait pas de marge de manœuvre tant que l’UE aura décidé de faire de l’austérité la priorité par rapport à la croissance. Pour reprendre les propositions de Gallois, il aurait fallu laisser filer le budget ce qu’interdit le pacte budgétaire. Résultat, ni compétitivité, no croissance, ni même rétablissement des équilibres budgétaires. Bref, le cercle vicieux. Le Premier ministre réunit mardi matin à 09h00 un séminaire gouvernemental sur ce dossier brûlant de la compétitivité, avant d’annoncer dans la foulée les mesures retenues. Le soir, il sera l’invité du JT de 20h00 de TF1. François Hollande a d’ores et déjà promis, lundi en marge d’un sommet Asie-Europe au Laos, que des « décisions fortes » seraient « prises » au nom de « l’emploi, c’est-à-dire de l’avenir ». Ces mesures devraient même pour certaines concerner le « coût du travail », a annoncé à l’AFP le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici. Le gouvernement laissait pourtant entendre jusqu’ici que le volet « coût » attendrait les scénarios de réforme présentés en fin d’année par le Haut-conseil pour le financement de la protection sociale. L’exécutif, en pleines turbulences après six mois au pouvoir et pressé par le Fonds monétaire international (FMI) de relever le « défi majeur » de la compétitivité, a donc décidé de passer à la vitesse supérieure. Il est vrai que le diagnostic du commissaire à l’investissement Louis Gallois est sans appel: la France a selon lui besoin d’un « choc de confiance » et de « patriotisme » pour enrayer son « décrochage » industriel depuis dix ans. Le gouvernement va donc sans attendre actionner le levier de la baisse du coût du travail pour enrayer la dégringolade du déficit commercial de la France, dont la part dans le marché mondial a chuté de 6,3% en 1990 à 3,3% en 2011. « La vocation de ce rapport, ce n’est pas l’enterrement, c’est l’entraînement », a résumé M. Moscovici, en réponse à l’opposition qui soupçonne le gouvernement, à l’image du patronat, de ne pas vouloir suivre toutes les recommandations. Arnaud Montebourg (Redressement productif) a quant à lui assuré que « 9 des 22″ propositions étaient déjà dans les tuyaux. La préconisation la plus débattue du rapport Gallois est une baisse des charges qui allégerait les cotisations patronales de 20 milliards d’euros et les cotisations salariales de 10 milliards. En contrepartie, l’ancien patron d’EADS propose d’augmenter la CSG de deux points, de rehausser la TVA sur certains produits et de relever diverses taxes. Mais cette piste ne devrait pas être retenue mardi. Selon une source proche du gouvernement, confirmant des informations du Point, « sauf revirement de dernière minute », le gouvernement proposera 20 milliards d’euros aux entreprises en trois ans, sous la forme d’un crédit d’impôt. Au lieu d’un transfert des cotisations sociales vers la fiscalité, tel que préconisé par Louis Gallois, il s’agirait donc d’un chèque aux entreprises dans le but de faire progresser leurs marges qui ont dégringolé ces dix dernières années. Le site internet du Point avait affirmé lundi que l’exécutif allait choisir d’octroyer un crédit d’impôt aux entreprises se traduisant par une baisse des cotisations sociales de 6% sur les salaires compris entre 1 et 2,5 fois le Smic, ce qui représenterait un total de 20 milliards d’euros. La piste d’une réduction supplémentaire des dépense publique est également à l’étude, a confirmé à l’AFP la même source proche du gouvernement. Selon Le Point, le gouvernement économiserait 10 milliards d’euros sur le budget 2014 de l’Etat et des collectivités. Mais surtout, il augmenterait légèrement le taux principal de la TVA de 19,6% à 20%. En revanche, il baisserait à 5% contre 5,5% la TVA sur les produits de première nécessité. Les Echos, dans son édition de mardi, indique que « le taux intermédiaire (de la TVA, qui concerne notamment la restauration), actuellement de 7% serait relevé, à 10% ou 12% ».
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