Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris contre l’austérité
(Libé)
Jordi est venu réclamer son «dû» à François Hollande. Comme plusieurs dizaines de milliers de personnes, le jeune homme de 26 ans a répondu à l’appel du Front de gauche, ce dimanche à Paris. Dans le viseur des organisateurs, le traité budgétaire européen (TSCG, pour Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) et les politiques d’austérité menées sur le continent.
Venu de Nantes pour la journée, Jordi n’hésite pas à se dire «floué» par François Hollande, pour qui il avait voté le 6 mai dernier, après avoir choisi le bulletin Mélenchon au premier tour. «Hollande s’était engagé à renégocier le traité Merkozy [contraction de Merkel et Sarkozy, ndlr], mais pas une virgule n’a été changée», affirme-t-il. Le texte, qui sera présenté au Parlement mardi, risque «d’ancrer l’austérité dans tous les pays européens», selon le jeune technicien informatique.
Sa collègue Sophie, 46 ans, regrette que «le gouvernement s’obstine dans la voie de l’austérité, alors qu’on sait bien que ça freine la croissance». Même sentiment chez Jean-Claude, 70 ans, retraité de l’agroalimentaire, bardé d’autocollants Attac : «Ce traité va provoquer la paupérisation des citoyens, annonce-t-il. Il représente aussi une grave atteinte à la démocratie, car il signifie l’abandon de notre souveraineté nationale dans un domaine aussi crucial que le budget. C’est un exemple de plus d’une Union européenne qui se construit sans les peuples.»
«La France va finir par ressembler à l’Espagne ou la Grèce»
Sur une place de la Nation ensoleillée, les mêmes discours reviennent sans cesse. Les manifestants, très souvent militants politiques, syndicaux, ou associatifs, ne goûtent guère les premiers mois de François Hollande au pouvoir. Au-delà de la question du Traité budgétaire européen, ils fustigent une politique pas assez ambitieuse à leurs yeux. La plupart avait voté pour le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. C’est «sans états d’âme» que Christine, 58 ans, avait ensuite rallié Hollande, en espérant que sa voix – associée à celles de quelque quatre millions de personnes – infléchirait la politique du pouvoir socialiste.
Cinq mois plus tard, l’enseignante dans un lycée de Saint-Denis (93), se dit «déçue». «Bien sûr, concède-t-elle, Hollande ne peut pas tout faire en quelques mois. Mais les signes qu’il envoie sur le long terme ne sont pas probants. Avec l’instauration de la règle d’or, des budgets d’austérité vont être votés année après année. C’est inquiétant pour l’avenir, la France va finir par ressembler à l’Espagne ou la Grèce.» Son mari Christian, 61 ans, juge qu’une telle manifestation est une «piqûre de rappel pour Hollande». «On montre que la gauche ne lui donnera pas de chèque en blanc», lance-t-il. Jean-Claude, le retraité de l’agroalimentaire, est plus sévère : «Mitterrand avait mis deux ans à passer de la mise en oeuvre de ses promesses de campagne à la rigueur de Delors. Cela n’a pris que quelques mois à Hollande. On semble déjà être passé à un Sarkozy bis !»
Le sentiment est partagé par Christine, enseignante en lettres classiques dans un lycée d’Antony (92). «Hollande utilise tout le temps l’argument de la crise, alors que c’est précisément ce qu’il reprochait à l’UMP auparavant», lance-t-elle. Christine regrette aussi que certaines mesures n’aient pas été mises plus rapidement en place, comme le droit de vote des étrangers aux élections locales. «Hollande avait promis qu’il gouvernerait autrement, mais j’ai l’impression qu’il se contente d’aménager les choses à la marge, regrette-t-elle. A vrai dire, quand il est arrivé au pouvoir, je m’attendais à quelque chose de mou, mais pas d’aussi mou !»
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris contre l’austérité
(Libé)
Jordi est venu réclamer son «dû» à François Hollande. Comme plusieurs dizaines de milliers de personnes, le jeune homme de 26 ans a répondu à l’appel du Front de gauche, ce dimanche à Paris. Dans le viseur des organisateurs, le traité budgétaire européen (TSCG, pour Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) et les politiques d’austérité menées sur le continent.
Venu de Nantes pour la journée, Jordi n’hésite pas à se dire «floué» par François Hollande, pour qui il avait voté le 6 mai dernier, après avoir choisi le bulletin Mélenchon au premier tour. «Hollande s’était engagé à renégocier le traité Merkozy [contraction de Merkel et Sarkozy, ndlr], mais pas une virgule n’a été changée», affirme-t-il. Le texte, qui sera présenté au Parlement mardi, risque «d’ancrer l’austérité dans tous les pays européens», selon le jeune technicien informatique.
Sa collègue Sophie, 46 ans, regrette que «le gouvernement s’obstine dans la voie de l’austérité, alors qu’on sait bien que ça freine la croissance». Même sentiment chez Jean-Claude, 70 ans, retraité de l’agroalimentaire, bardé d’autocollants Attac : «Ce traité va provoquer la paupérisation des citoyens, annonce-t-il. Il représente aussi une grave atteinte à la démocratie, car il signifie l’abandon de notre souveraineté nationale dans un domaine aussi crucial que le budget. C’est un exemple de plus d’une Union européenne qui se construit sans les peuples.»
«La France va finir par ressembler à l’Espagne ou la Grèce»
Sur une place de la Nation ensoleillée, les mêmes discours reviennent sans cesse. Les manifestants, très souvent militants politiques, syndicaux, ou associatifs, ne goûtent guère les premiers mois de François Hollande au pouvoir. Au-delà de la question du Traité budgétaire européen, ils fustigent une politique pas assez ambitieuse à leurs yeux. La plupart avait voté pour le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. C’est «sans états d’âme» que Christine, 58 ans, avait ensuite rallié Hollande, en espérant que sa voix – associée à celles de quelque quatre millions de personnes – infléchirait la politique du pouvoir socialiste.
Cinq mois plus tard, l’enseignante dans un lycée de Saint-Denis (93), se dit «déçue». «Bien sûr, concède-t-elle, Hollande ne peut pas tout faire en quelques mois. Mais les signes qu’il envoie sur le long terme ne sont pas probants. Avec l’instauration de la règle d’or, des budgets d’austérité vont être votés année après année. C’est inquiétant pour l’avenir, la France va finir par ressembler à l’Espagne ou la Grèce.» Son mari Christian, 61 ans, juge qu’une telle manifestation est une «piqûre de rappel pour Hollande». «On montre que la gauche ne lui donnera pas de chèque en blanc», lance-t-il. Jean-Claude, le retraité de l’agroalimentaire, est plus sévère : «Mitterrand avait mis deux ans à passer de la mise en oeuvre de ses promesses de campagne à la rigueur de Delors. Cela n’a pris que quelques mois à Hollande. On semble déjà être passé à un Sarkozy bis !»
Le sentiment est partagé par Christine, enseignante en lettres classiques dans un lycée d’Antony (92). «Hollande utilise tout le temps l’argument de la crise, alors que c’est précisément ce qu’il reprochait à l’UMP auparavant», lance-t-elle. Christine regrette aussi que certaines mesures n’aient pas été mises plus rapidement en place, comme le droit de vote des étrangers aux élections locales. «Hollande avait promis qu’il gouvernerait autrement, mais j’ai l’impression qu’il se contente d’aménager les choses à la marge, regrette-t-elle. A vrai dire, quand il est arrivé au pouvoir, je m’attendais à quelque chose de mou, mais pas d’aussi mou !»