Rapport Gallois : le document qui gène le gouvernement
Pour ce Louis Gallois ,: la France a besoin d’un «choc de compétitivité» et ce choc doit être «massif», dit-il, évoquant une baisse des charges de 30 milliards . L’ancien grand patron, qui a notamment dirigé la SNCF et plus récemment EADS, sait à quel point la concurrence internationale est rude et combien les entreprises françaises sont fragiles dans cette compétition. C’est du fond de ses convictions qu’il s’exprime ce jour-là à la tribune. Et puis, en disant cela, il n’a pas le sentiment de trahir le camp auquel il appartient - il a été directeur de cabinet du ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement en 1981 à la Recherche, puis à la Défense en 1988. Depuis quelques semaines, François Hollande, après avoir longtemps sous-estimé, sinon nié le problème du coût du travail en France, le hisse désormais au rang des priorités nationales. «Le financement de la protection sociale ne peut pas reposer uniquement sur le coût du travail», reconnaît-il. Le lundi qui suit, il annonce avoir confié à l’ancien capitaine d’industrie une mission pour réfléchir à tous les leviers qui pourraient permettre de redresser la compétitivité de la France.. Le 14 août, l’Insee publie les résultats de la croissance au deuxième trimestre. Un chiffre qui passe inaperçu pour les Français, plongés dans la torpeur estivale, mais qui provoque une petite secousse au gouvernement. L’Institut annonce que l’économie française est à l’arrêt total depuis trois trimestres. En d’autres termes, alors qu’il a prévu de lever 24 milliards d’euros d’impôts nouveaux pour 2013, le gouvernement se rend compte qu’il ne pourra pas mettre une nouvelle fois les ménages à contribution sans plonger la France dans une récession avec laquelle elle flirte déjà. «Regardez bien, c’est à ce moment-là que le gouvernement commence à changer son discours», relève un député de l’opposition. De fait, peu après, Matignon annonce reporter la publication du rapport compétitivité au 5 novembre. Mi-octobre, une fuite dans Le Monde faisant état d’une réflexion de l’Élysée sur une baisse des charges de 40 milliards d’euros pour les entreprises, financée par la hausse de la CSG et la fiscalité écologique, est interprétée par certains comme un ballon d’essai. Mais c’est surtout un moyen de commencer à enterrer le sujet, en laissant s’installer dans l’esprit des parlementaires que la France ne peut pas continuer à augmenter les impôts des ménages – à l’inverse de ce qui se fait chez la plupart de nos voisins européens. Karine Berger, députée et secrétaire nationale à l’économie du PS, annonce qu’elle ne «votera pas une hausse de CSG pour contrebalancer une baisse des cotisations patronales». Quant au vice-président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Pierre-Alain Muet, il répète à l’envi que ce projet est «totalement inopportun et que dans le contexte actuel, il ne faut rien faire qui puisse nuire à la consommation».
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