Matignon, nouveau concept : la compétitivité « hors coûts ».
Faute de compétence en matière économique, la gauche innove en matière de sémantique ; On substitue l’approche littéraire à l’analyse quantitative. Pourquoi pas, on pourrait faire la même chose avec le budget ou les comptes de la nation : aubin chiffre, tout en littéraire. En finir au plus vite avec la mauvaise séquence du choc fiscal du projet de loi de finances 2013. Alors que le budget commence à être examiné cette semaine par les parlementaires, Jean-Marc Ayrault vise déjà l’étape suivante. Le premier ministre profitera d’un déplacement, aujourd’hui en fin de matinée à l’Institut de recherche technologique Jules-Verne, près de Nantes, pour lancer une longue séquence «compétitivité». Séquence devant conduire le gouvernement, dans les prochains mois, à dessiner un «agenda de réformes» permettant de stopper l’hémorragie dans l’industrie. Aujourd’hui, le premier ministre commencera à dresser les grandes lignes de son plan, en attendant, mercredi, l’examen en Conseil des ministres du projet de loi créant la Banque publique d’investissement (BPI), avec comme point culminant, le 5 novembre prochain, la remise officielle du rapport Gallois sur la compétitivité française. Matignon, qui se sait très attendu sur cette séquence, joue une partie serrée. Après plusieurs semaines de rumeurs laissant envisager un choc de près de 40 milliards d’allégements de charges financés par une hausse de la CSG et d’une partie de la TVA, l’exécutif s’efforce de désamorcer les attentes. «Nous venons de créer un important choc fiscal absolument nécessaire pour tenir les objectifs de réduction de déficits publics, mais nous devons tenir compte du contexte économique dégradé qui ne plaide pas pour un nouveau choc», résume-t-on à Matignon. Dans l’entourage du premier ministre, plutôt que de parler de «choc de compétitivité», comme le réclame le patronat, on préfère désormais employer le terme de «trajectoire de compétitivité». Ce qui signifie mettre davantage l’accent sur la compétitivité «hors coût». «Nous ne souffrons pas d’un coût du travail plus élevé que l’Allemagne, mais, à coûts identiques, les Allemands créent des produits plus haut de gamme que les nôtres», explique-t-on à Matignon. Bref, plutôt qu’une baisse massive des charges de 40 milliards d’euros, l’exécutif veut privilégier d’autres «leviers de compétitivité», tels une meilleure intégration entre la recherche et les entreprises, une simplification des normes, un financement plus efficace des PME et des exportations ou encore une accélération de la modernisation de l’État. «Il y aura aussi un transfert de charges à l’avantage des entreprises, assure-t-on dans l’entourage du premier ministre, mais rien n’est encore arbitré, ni en termes de montant ni en matière de répartition.»
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