Allemagne : on signe l’accord du sommet européen et on conteste ensuite
C’est une nouveauté dans les processus de négociation européens, on signe et on conteste ensuite. Certes sur certaines grandes questions, il est prévu des procédures de consultations nationales mais là, cela dévient systématique. Ainsi le dernier accord européen portant sur le MES (fonds européen de sauvetage des pays en difficultés) a bien été signé par l’Allemagne mais on a décidé après de le soumettre à la décsion de la cour constitutionnelle allemande. Si chaque pays devait procéder ainsi sur toutes les accords européens, ce serait évidemment le bocage politique total ; une situation qui risque de se produire et cela en pleine crise financière. . Le 12 septembre, les juges trancheront donc la question de la compatibilité du pacte budgétaire et du Mécanisme européen de sauvetage (MES) avec les lois allemandes. Une date qui pourrait même être repoussée, indique le Handelsblatt lundi, car de nouveaux recours seraient en passe d’être déposés, susceptibles de contraindre les juges à poursuivre leurs délibérations au-delà. Si leur réponse est négative, les conséquences seraient incalculables et la participation de l’Allemagne, premier contributeur au fonds de secours de la zone euro, serait retardée de plusieurs mois. Si la réponse est positive, la monnaie unique ne serait pas sauvée pour autant. À la mi-septembre, l’Allemagne attendra, comme ses autres partenaires européens, le rapport des experts du FMI, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne sur le programme économique du nouveau gouvernement grec. Même en cas d’avis positif de la troïka, Berlin se réserve le droit de bloquer le processus de déblocage des futurs prêts. Un cacique du parti d’Angela Merkel (CDU), Michael Fuchs, a déclaré au Handelsblattdu 13 août 2012 que l’Allemagne mettrait son veto sur de nouvelles aides européennes à la Grèce si les réformes dans ce pays avancent trop lentement. «Y compris si le verre est à moitié plein en matière de réformes grecques», a précisé le vice-président du groupe parlementaire des conservateurs. Loin de détendre l’atmosphère, l’ambiance estivale l’a plutôt crispée. En l’absence de la chancelière, ses partenaires de coalition ont fait assaut de déclarations populistes. Le parti libéral (FDP) qui a de nouveau franchi la barre des 5 % d’opinions favorables, flatte l’euroscepticisme pour survivre. Le chef de l’aile bavaroise de la CDU (CSU) a menacé Merkel de quitter la coalition à cause de sa politique européenne, le regard rivé sur les élections régionales de l’an prochain en Bavière. Fragilisée sur son aile droite, la chancelière est défiée sur son aile gauche, où la surenchère est aussi de mise. Par trois fois, les aides à la Grèce et à l’Espagne ont pu être votés grâce aux voix des sociaux-démocrates et des Grünen. À l’avenir, leur soutien au Bundestag serait conditionné par une aide structurelle envers l’Europe. Deux des trois candidats SPD à la candidature pour la Chancellerie militent pour une mutualisation des dettes, ce dont ne veut pas entendre parler la chancelière.
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