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Italie et Espagne veulent l’aide de la BCE mais sans la demander officiellement

Italie et Espagne veulent l’aide de la BCE mais sans la demander officiellement

 

 Curieuses ces déclarations très contradictoires de l’Italie et de l’Espagne qui souhaitent ardemment l’intervention de la BCE mais ne veulent pas le dire pour ne pas inquiéter davantage les marchés. Monti incite même l’Espagne à présenter un plan d’aide d’urgence pour éviter la contamination. L’Espagne ne veut surtout pas qu’on évoque ce plan d’aide dont elle a pourtant besoin. Bref on joue au chat et à la souris avec les marches. L’Espagne et l’Italie ont beau inquiéter les marchés, Mariano Rajoy et Mario Monti veulent prendre leur temps. Lors de leur rencontre à Madrid ce jeudi, les chefs des gouvernements espagnol et italien n’ont pas demandé à la Banque centrale européenne d’intervenir. Au contraire. Lors de leur conférence de presse commune, ils ont soigneusement évité de se prononcer sur toute forme d’aide extérieure. Mais, en coulisse, les négociations vont bon train. L’Italie tente de convaincre l’Espagne d’accepter la main tendue par ses voisins. Avec des pincettes. Mario Monti promet d’«étudier les modalités» de la proposition de Mario Draghi afin de «déterminer si cette proposition (leur) convient». Plus prudent, Mariano Rajoy a refusé de répondre et s’est contenté de qualifier les déclarations du président de la BCE de «positives». Pour le reste, les deux chefs d’exécutif se sont appuyés mutuellement et ont affiché leur volonté de continuer dans la même voie: réduction du déficit et réformes structurelles. Mais, malgré cette unité affichée, l’Espagne et l’Italie n’ont pas une position identique. Alors que Mario Monti est favorable à un achat d’obligations sur le marché secondaire par le FESF, son homologue espagnol se montre beaucoup plus réservé. «Cette option pose un double problème pour l’Espagne, juge Juan Carlos Martinez Lazaro, professeur d’économie à l’IE Business School. Il y a d’abord un problème d’image. L’Espagne veut absolument éviter une solution qui ressemble à un plan de sauvetage.» Cette obsession exaspère ses partenaires européens, qui voient dans ce refus de principe «un orgueil mal placé», selon le mot d’un diplomate européen. «Le gouvernement veut également éviter qu’on lui impose de nouvelles conditions», poursuit Lazaro. L’Italie pense pouvoir échapper à la négociation d’un mémorandum d’entente (Memorandum of Understanding, MOU) si elle sollicitait l’achat d’obligations souveraines. L’Espagne, en revanche, craint qu’on lui impose une nouvelle vague d’austérité. Après avoir adopté un plan de rigueur de 65 milliards d’économies à réaliser en deux ans et demi, Mariano Rajoy considère qu’il a suffisamment heurté son électorat. «Il y aurait probablement un nouveau programme», pronostique Juan Ignacio Crespo, analyste financier et auteur d’un livre intitulé Les Deux Prochaines Récessions. Mais, entre les recommandations de la Commission et les conditions imposées aux banques, l’Europe ne pourrait plus ajouter grand-chose», indique-t-il. Même Christine Lagarde l’a reconnu: «Vu ce que l’Espagne a déjà réalisé et ce qu’elle compte encore faire, il n’y a pas grand-chose que le FMI pourrait demander en plus si l’Espagne recevait un plan de sauvetage», a expliqué la directrice de l’institution financière, incitant Madrid à sauter le pas sans crainte.

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